
l'art pour aboutir à l'objet parfait. La constitution d'une collection raffinée et éclectique est alors propre à toutes les familles puissantes d'Europe. Mais, d'une part, la fortune des Médicis leur permet d'élever leurs trésors à un niveau de richesse et de variété rarement égalé ; d'autre part, chaque objet acquis s'inscrit dans un plus large dessein, celui de placer l'art au centre de l'existence.
stratégie politique, menée avec adresse et discernement, afin d'asseoir sa puissance. Selon Patrizia Nitti, "les Médicis ont été les premiers à comprendre l'importance de la puissance de communication. Cosme Ier avait l'habitude de dire que ses meilleurs ambassadeurs à l'étranger étaient ses objets d'arts". Ainsi le Persée, réalisé en 1549 par Benvenuto Cellini (1500-1571) sur une commande de Cosme Ier, doit symboliser la victoire des Médicis sur les ennemis de Florence, ce que souligne l'un des bas-relief de la statue représentant Persée délivrant Andromède du dragon : véritable propagande artistique, l'œuvre symbolise Florence, sous les traits de la jeune fille éperdue, sauvée par la famille florentine. De la même façon, la présence dans la collection de L'Orateur (fin du IIe-début du Ier siècle avant J.-C.), statue étrusque en bronze retrouvée en 1566 et achetée par Côme Ier témoigne de la volonté du duc de Florence de rappeler la présence étrusque en Toscane et, de ce fait, de faire de la région l'un des premiers berceaux de la civilisation en Italie, bien avant l'arrivée d'Énée dans le Latium. Catherine de Médicis (1519-1589) et Marie de Médicis (1573-1642), les deux reines italiennes à la cour de France, auront cette même volonté d'utiliser l'art et le raffinement pour imposer leur puissance dans un pays étranger : chacune se fait représenter en pied, l'une dans un tableau (entre 1547 et 1559) attribué à Germain Le Mannier, l'autre en 1611 par Frans Pourbus le Jeune, toutes les deux littéralement couvertes de perles et de pierres précieuses, répondant ainsi à un désir commun d'élaborer une iconographie qui puisse légitimer pleinement leur rôle de reine.
présente les personnages de la puissante famille aux côtés de sa collection, "comme un écrin", selon l'expression de la directrice artistique. Le Portrait d'Éléonore de Tolède, peint en 1543 par Bronzino, affiche de l'exposition, permet ainsi un véritable tête-à-tête avec la jeune femme parée, aux yeux presque magnétiques, se détachant sur un fond bleu sombre envoûtant. Juste à côté dans une vitrine, l'une des bagues que porte la grande duchesse de la Toscane sur le tableau. Il en va de même pour L'Adoration des mages, peinte entre 1475 et 1476 par Botticelli, et qui représente avec précision et naturel de nombreux membres de la famille florentine : Cosme l'Ancien et ses petits-fils Laurent, Julien, Pierre et Jean, tous sont là, entourés de personnages dont certains portent les traits des humanistes Politien et Pic de la Mirandole, Botticelli s'étant représenté lui-même, à l'extrême droite. 
