"Il n'y avait en elle aucune frivolité", dira le Prince Rainier peu après sa première rencontre avec sa future épouse qui, à l'occasion du festival de Cannes en 1955, se rend en France et accepte de participer à une séance de photographie avec l'héritier de Monaco, mise en scène par Paris Match. Dans un pays comme la Grande Bretagne, où la mode est affaire de futilité, n'est-il pas paradoxal de célébrer "l'icône de mode" Grace Kelly (1929-1982), plus que l'actrice ou la femme politique ? Pour Jenny Lister, commissaire de l'exposition Grace Kelly - Style Icon, c'est bien comme ambassadrice de la beauté et de la délicatesse que la Princesse de Monaco a marqué les esprits. Et nul secret pour un tel succès : "Des pièces classiques et pratiques, assemblées avec une grande simplicité, tout en portant une attention dévouée au plus imperceptible détail." Ce qui, pour la comédienne et princesse, relevait de l'intuition, peut-être aussi d'un certain héritage familial, était aux yeux du public le résultat d'une finesse atemporelle, accessible et lointaine à la fois.
Kelly choisit ses costumes pour mettre en valeur tel ou tel trait de caractère des personnages qu'elle incarne. A l'image de Lisa Fremont, une mannequin ayant fait carrière à New York qui, sous la direction d'Alfred Hitchcock dans Fenêtre sur cour, tombe sous le charme du photo-reporter L. B. Jeffries, cloîtré dans un fauteuil roulant, dans sa chambre. Alors que James Stewart reste en pyjama d'un générique à l'autre, Grace Kelly change de costume pour chaque nouvelle scène, et l'évolution de ses robes refléte le caractère changeant de la relation qui s'épanouit entre Lisa et le photographe. Lors des premières prises, elle dévoile tout son charme à l'aide de tissus sensuels ou de couleurs suggestives. Ainsi, l'exposition montre un ensemble composé d'un corsage près du corps, assorti d'une jupe de tulle noir, le tout enrobé d'un léger tissu de la même couleur, transparent. Plus tard dans le film, les habits plus décontractés suggèrent l'amour réciproque qui lie désormais les deux personnages.
pour l'élégance empreinte de simplicité, la Princesse introduit néanmoins une séries de changements. Auprès de maisons de couture françaises, notamment Christian Dior, dirigé par Marc Bohan depuis 1961, Kelly commande costumes et robes du soir pour répondre à ses obligations. Le costume vert de Givenchy dont elle se pare lorsque son mari et elle rendent visite au couple Kennedy à la Maison Blanche en mai 1961 est resté célèbre. Un turban blanc coiffe une robe de fine laine sans manche, resserrée à la taille par un noeud qui se glisse subrepticement sous la veste d'un même vert vif. Juste à côté, dans la vitrine, trône un ensemble de tweed vert et rose pâle conçu par Chanel, dont les créations confortables étaient portées avec plaisir par la Princesse lors de réunions de famille. 
