Tube, clichés pris à partir de portables puis publiés sur la toile, caméras surveillant faits et gestes de clients au supermarché ou à la banque... "Sommes-nous devenus une société de voyeurs ?", s'interroge la co-commissaire de l'exposition, Sandra S. Philipps. Plus de 250 instantanés et installations vidéos datant des années 1870 à nos jours, d'artistes connus comme d'amateurs, invitent à explorer cette question au quatrième étage de l'ancienne centrale électrique.
respect, de vulnérabilité et de sécurité ont évolué. Le dispositif de prise de vue rendu plus maniable, la photographie quitte le cadre molletonné du studio pour faire ses premiers pas dans la rue et saisir la flânerie des passants, les rêveries auxquelles donnent lieu les transports en commun ou les mimiques fugaces d'inconnus. La présence d'une absence poétique se dégage de ces clichés pris subrepticement, que ce soit par Walker Evans (1903-1975) dans les années 1930 dans le métro new yorkais, ou par Harry Callahan (1912-1999), vingt ans plus tard. De nature timide, ce dernier photographiait de loin des "femmes perdues dans leurs pensées".
cette illusion d'accessibilité. Marilyn Monroe (1926-1962) excelle dans l'art de se faire "a good publicity", comme disent les britanniques, en se trémoussant avec délectation devant le regard avide de ses fans. Et c'est avec aplomb que l'actrice se laisse prendre par Weegee (1899-1968) lorsqu'un souffle d'air soulève sa robe plissée. Mais toutes ne parviennent à ce contrôle de leur image, à l'instar de Jacqueline Kennedy, pourchassée pendant plusieurs années par le paparazzo Ron Galella. A l'affût des faits et gestes de la veuve américaine, mariée à Onassis depuis 1968, le photographe oblige Jacky Kennedy à inventer une série de stratagèmes, qu'il doit à son tour déjouer. Et lorsqu'il la saisit alors qu'elle fuit l'objectif en courant, il intitule le cliché : Qu'est-ce qui fait courir Jackie ? Central Park, NYC, 4 octobre 1971.
lité de ses journées, de ses rencontres, insistant ici et là sur le détail bleu de ses chaussures ou l'embrassade tendre avec son père. Le regard descend ensuite vers les clichés noir et blanc pris par le détective - qui ne sait pas que Sophie Calle est consciente d'être suivie - assortis d'un récit sobre, elliptique, d'une objectivité quasi ubuesque aux vues de l'intimité partagée plus haut par l'observée même. Puis les récits se croisent, du moins dans le coeur de Sophie Calle qui s'éprend de cet homme qui la suit avec tant d'obstination...
collatéraux de la guerre du Golfe, réalisée par Sophie Ristelhueber en 1992. Les commissaires estiment que "la surveillance implique une distance, qu'elle soit visuelle ou physique - les satellites en sont un parfait exemple. En tant que telles, ces images sont illisibles." Et c'est de cette difficulté d'interprétation, liée à leur esthétique imprécise, que ces captures floues tirent leur force visuelle.
