Colossal Caravage
le plus grand nombre d'œuvres de Michelangelo Merisi, dit Le Caravage : vingt trois sur la soixantaine qui lui est attribuée, avec certitude. Plutôt que de prendre le risque (parfois d’ailleurs impossible) de décrocher les immenses toiles qui font la splendeur de la dizaine d'églises et de palais romains où le peintre s’est illustré, le Quirinale a préféré les associer à ce "tour caravagesque" et drainer à lui quelques-unes des toiles disséminées dans le monde entier, des Etats-Unis à la France en passant par l'Autriche, sans oublier les prestigieuses institutions italiennes telles que les Offices de Florence et le Musée du Vatican. Une sélection qui présente le mérite de forcer certains des lieux de culte concernés à demeurer ouverts, à l'instar de l'église Saint-Louis des Français qui abrite un triptyque du Caravage : Saint Mathieu et l'ange, La vocation de Saint Mathieu et Le martyre de Saint Mathieu peints entre 1599 et 1600. Et comme rien ne saurait résister à cette impérieuse et solennelle volonté de réhabiliter (voire béatifier) l'ex-fuyard, les organisateurs ont même succombé à la tentation de braver un interdit, celui de faire venir La Corbeille de fruits (vers 1600), joyau qui n'avait jamais quitté le musée Ambrosiano de Milan. Son propriétaire, le cardinal Frédéric Borromée, avait en effet interdit son transport sous peine d'excommunication.
ouvertement chronologiques, les trois couleurs qui marquent la visite se jouent donc des dates, sans jamais pour autant renier cette dimension confidentielle que recèlent les toiles exposées. Un bel équilibre qui confère à cette rétrospective, qui évite par ailleurs les pièges de l'artiste maledetto et donc imparablement romantique et flamboyant jusque dans ses choix prétendument hors normes, retenue et délicatesse.
apparemment purgé une peine d'un an de prison, continue à Rome de se bagarrer volontiers. Il est d'ailleurs établi que Le Caravage ne peignait que par intermittence, s'attelant à la tache pendant deux années, deux années d'intense et fiévreuse création, avant de lâcher ses pinceaux pour des ustensiles nettement moins inoffensifs. Et ainsi de suite. Ce qui pourrait expliquer la récurrence de certains visages incarnant tour à tour toutes les figures, au gré des reprises et réapparitions du peintre. 
