Modern Family est à Sept à la maison ce que Skins est à Dawson : l'enterrement sauvage d'une vision doucereuse et enrobée de papier-sucre des relations humaines. Le révérend Eric Camden et sa patience universelle, sa femme Annie et ses (toujours) bons conseils, leurs cinq enfants à têtes d'anges et leurs pseudo-problèmes de coeur fleurent bon la naphtaline. Dix ans passés dans le deuxième millénaire, l'angélisme s'est fissuré : la "famille moderne" ressemble aujourd'hui à un puzzle géant et bariolé, multi-culturel, hétéro et homo, jeune et vieux, bazar sans nom où la distribution des rôles se joue à coups de dés. Le père de famille se veut "dude", la femme a 30 ans de moins que le mari, une petite vietnamienne atterrit chez un couple d'hommes. Affranchi par The Office dans le monde des séries télévisées, le genre du "mockumentary" (combinaison de "mock", "faux", et "documentary"), qui désigne les fictions empruntant leur forme au documentaire, avec caméra à l'épaule et impression de prise sur le vif, trouve en Modern family un écrin de choix. Ainsi suit-on trois foyers façon télé-réalité, qui seraient trois déclinaisons du modèle familial aujourd'hui, avec remariage, couple gay et modèle (apparemment) traditionnel père-mère+ribambelle d'enfants. Dès la fin du premier épisode, le lien entre les trois familles se tisse en un plan : l'arbre généalogique accroche dans ses branches toute la tribu, trois générations confondues.
pendant la procédure d'adoption ("Un truc de physique moléculaire ; c'est de la science, on ne peut pas lutter contre"), et leur petite Lily, régulièrement affublée de costumes de Diara Ross ou Madonna pour se faire prendre en photo par son père, avant de regarder Scarface pour s'endormir ("elle adore les couleurs pétantes", assure Cameron). Elle n'a pas soufflé sa première bougie.
