Découvrez ce sein...
des siècles, tantôt minces, tantôt gras, poilus ou glabres, nobles ou canailles. Pour l'auteur, ces représentations varient parce qu'elles sont "tributaires de l'évolution des moeurs, des morphologies et de l'hygiène au cours des siècles." Les chapitres thématiques, qui coupent avec bonheur le fil chronologique de l'ouvrage, viennent d'ailleurs illustrer ces thèmes transversaux de la nudité que sont la corpulence, la pilosité, ou encore l'érotisme. Les corps charnus et duveteux des peintres réalistes contrastent avec les corps imberbes et idéalisés de la Renaissance, la minceur des beautés symbolistes rompt avec les formes généreuses et flamandes de Rubens (1577-1640). L'idéal féminin, quoique éternel comme le veut l'adage, présente donc de multiples facettes.
: le Mal. Le peintre suisse Füssli (1741-1825) représente des femmes possédées par le démon, chevauchées par des créatures maléfiques qui les surprennnent dans leur sommeil, en plein Cauchemar. Les Symbolistes de la fin du XIXe siècle créent une beauté féminine mortifère et castratrice ; et chez Gustave Moreau (1826-1898), le corps de Galatée est majestueux mais glaçant. Au XXe siècle, les sexes féminins de certaines toiles de Picasso (1881-1973) sont pourvus de dents menaçantes, et les bouches y sont voraces...
tard, Boucher (1703-1770) couvre de rose les fesses gourmandes de ses maîtresses. Une des gageures de la représentation du nu : rendre le frémissement de la chair. Pour cela, la palette des carnations à travers les siècles est riche : la blondeur vigoureuse des peaux de Rubens répond aux chairs généreuses des femmes de Renoir, la blancheur marmoréenne des nus d'Ingres s'oppose à la chaude vibration des corps de Courbet. Car ces palpitations de couleurs racontent aussi la passion sensuelle qui a animé les maîtres pour leurs modèles, célèbres ou anonymes : Raphaël et la Fornarina, Gauguin et ses vahinés, Dali et Gala. La nudité féminine y est désirable car la femme représentée y est désirée.
problématiques de la représentation du nu féminin. Ce sexe de femme représenté en gros plan, ouvert, abandonné, dont les couleurs rendent crûment les subtiles variations de la chair, interroge le spectateur, et le renvoie à son origine : la matrice. Thomas Schlesser rappelle que "cette toile a longtemps été cachée, masquée par divers panneaux qui lui servaient d'écrins de protection, comme si elle contenait un grand mystère. Jacques Lacan, qui en a été le propriétaire à une époque, a d'ailleurs nourri cette énigme. Elle est une plongée dans l'intimité féminine d'autant plus troublante que le reste du corps, le visage en particulier, demeure absent. C'est à la fois une oeuvre repoussoir et une oeuvre irrésistiblement attirante." Cette tension entre répulsion et attraction qui, à elle seule, condense le mouvement du désir.
