Peter Gabriel, 
ses différents albums -Kate Bush, Nusrat Fateh Ali Khan ou les Blind Boys of Alabama -, nourissent l'exploration. Paradoxalement, au confluent des genres, Peter Gabriel parvient à dessiner une identité musicale propre et personnelle. C'est sans doute ce qui fait de Scratch my back non pas un simple disque de reprises, mais bien un nouvel album de l'artiste, une (re-)création complète.
Nouvelle ambition du musicien : sortir un double opus dont Scratch my back n'est que le premier volet. Après ce disque de reprises, sur l'album suivant - a priori intitulé I'll scratch yours -, les auteurs de ces chansons reprendront ses morceaux à lui. Enjeu supplémentaire que l'homme aux mille visages s'est donné : ni guitare, ni batterie, mais un ensemble classique pour l'accompagner. Et c'est l'Orchestre philharmonique de Radio France qui jouera avec lui lors de son concert à Paris, le 22 mars prochain à Bercy. L'album, très dépouillé, enveloppe la voix de Peter Gabriel, devenue plus rugueuse avec l'âge. "Heroes" de David Bowie, "Après moi" de Regina Spektor, "Street spirit" de Radiohead, "My body is a cage" d'Arcade Fire... dans le flot d'influences, les diverses reprises habillent un album cohérent et mélancolique. Dans des versions très différentes de leurs originaux, "Flume" de Bon Iver ou "Listening Wind" de Talking Heads combinent discrètement piano, voix et orchestre, au service avant tout de la mélodie, s'imprégnant irrésistiblement du style de Peter Gabriel. A cette intimité répond, à d'autres moments, l'ampleur de l'ensemble de l'orchestre dans des arrangements toujours subtils, élégants mais puissants. Une façon de revisiter la musique contemporaine en y laissant une empreinte indélibile et éminemment intime.
