RSF, le coeur à l'ouvrage
de coupes franches, résume Jean-François Julliard, secrétaire général de l'association. Lorsque l'on apprend que de très grands noms de la photographie n'ont pas réussi à vendre leur travail sur un événement aussi important que le séisme haïtien, notre inquiétude est décuplée." L'exposition du Petit Palais fait donc oeuvre de manifeste : une façon de renouer avec le public et de démontrer, à nouveau, l'importance de l'image dans la diffusion de l'information. Une mission illustrée par les cent clichés de Pierre et Alexandra Boulat accrochés dans l'exposition, dont les recettes seront reversées à RSF. Mais le projet se double d'une charge affective et familiale puisque c'est Annie Boulat, épouse et mère des deux photoreporters, qui en a assuré le commissariat.
conflits moyen-orientaux, de la Palestine à l'Afghanistan. Il s'est beaucoup intéressé aux riches, elle a surtout photographié les démunis. Mais les passerelles entre leurs oeuvres ne manquent pas, que ce soient les similitudes de sujets ("Pierre a photographié la première collection d'Yves Saint-Laurent et Alexandra la dernière", souligne par exemple Annie Boulat) ou les contrastes formels ("nous n'avons choisi que des clichés en noir et blanc du père, contre des images en couleurs de la fille").
chargées, qui se traduit par les choix esthétiques opérés. Le travail d'Alexandra Boulat sur les femmes en zones de conflits, où la photographe joue inlassablement avec les longueurs et les drapés des voiles, dénote plus nettement encore cette impossibilité de l'objectivité : la journaliste s'y intéresse à travers le prisme de sa propre féminité. L'information le dispute à l'émotion. Ce qu'Henri Cartier-Bresson (1908-2004) résumait d'une maxime : "Mettre sur la même ligne de mire la tête, l'œil et le cœur."
