Gustave Moreau, pour la beauté du geste
comme Jupiter et Sémélé (1895), ses figurines en cire, disséminées comme des surprises, répondent par une simplicité brute. Des formes ébauchées, souvent autour d'un mannequin - toujours le même sauf pour Lucrèce et Salomé - que révèlent les images radiographiques placées derrière elles et réalisées spécifiquement pour l'exposition par le Laboratoire de recherche des Musées de France, le C2RMF. Comme des redoublements fantomatiques de silhouettes qui flirtent elles-même avec l'informe. Ainsi, les corps des Argonautes s'amoncellent en un amas de silhouettes énigmatiques. Et pourtant, de cette cire rougeâtre et irrégulière qui déborde sur son socle de bois, émerge l'essence du mouvement et de la posture dans sa plus grande finesse. Une pureté du geste et de l'attitude, écho saisissant aux représentations picturales de ces mêmes personnages. "Il y a un moment fatal où un art, écrit Gustave Moreau, se transforme pour prendre les qualités des arts voisins." Il cherche à mettre en valeur par la sculpture, cet art qu'il considère complémentaire par rapport à la peinture, ce qu'il appelle "sa science [...] de l'arabesque des lignes". Et, en effet, les figurines, pourtant de petite taille, saisissent l'imagination par la puissance qui se dégage de la posture fière d'Hercule ou, dans Jacob et l'Ange, par le mouvement de l'homme en appui sur ces deux jambes, les bras formant un angle droit avec son corps, retenu par l'Ange qui fige l'instant dans l'harmonie de sa droiture, les ailes déployées derrière lui.
dans les jardins des Tuileries." Moreau s'inspire directement des pièces de sa collection dans ses propres tableaux : la tête de L'esclave mourant de Michel-Ange influence ainsi le tableau Orphée (1865). D'autres artistes contemporains de l'artiste symboliste pratiquent également la sculpture en cire, comme Edgar Degas ou Ernest Meissonier. Mais, comme le montrent les radiographies exposées dans l'exposition, une des particularités de Gustave Moreau est qu'il utilise comme structure pour ces sculptures des mannequins manufacturés qu'il achète, quand Degas les fabrique lui-même. Par ailleurs, ce dernier vise davantage à "l'absolue vérité" par la sculpture et représente des sujets tirés du monde réel, alors que Moreau emprunte essentiellement aux mythes.
nt on la lit, étaient antérieures à la peinture, ajoute la directrice du Musée. Mais il nous semble, à l'examen des oeuvres elles-mêmes et des radiographies qui montrent qu'il n'y a aucun repentir, qu'elles sont plutôt postérieures à la peinture. Mais on n'a pas de certitude sur cette question."
