L`Intermède

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ALORS QUE NOUS PROPOSONS CHAQUE ANNÉE un dossier rétrospectif sur nos coups de coeur du Festival de Cannes, en 2015, L'Intermède se met à l'heure cannoise. Au menu : un journal de bord du festival au jour le jour. On découpe la Croisette en morceaux, on en choisit quelques-uns, et on vous les livre ici. Bonne dégustation.
Par Claire Cornillon

 
 


24 Mai - Palmarès

Le Festival s'est terminé sur l'annonce plutôt controversée du palmarès : Jacques Audiard a remporté la Palme d'or pour Dheepan et Laszlo Nemes le Grand Prix pour Saul Fia. The Assassin de Hou Hsiao-Hsien a quant à lui remporté un prix de la mise en scène hautement mérité, The Lobster de Yorgos Lanthimos le prix du jury, et Chronic de Michel Franco le prix du scénario. Vincent Lindon et, ex aequo, Emmanuelle Bercot et Rooney Mara se sont vus décerner les prix d'interprétation. Dans les jours qui viennent, vous pourrez lire dans notre dossier, comme chaque année, notre analyse de certains films de la sélection, présentés en compétition ou hors compétition. À commencer par Mia Madre de Nanni Moretti, certainement le grand oublié de ce palmarès.

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23 Mai - "C'était assez terrifiant"

Dernier film en compétition, Macbeth de Justin Kurzel revisite la célèbre tragédie de Shakespeare sous l'angle du stress post-traumatique des soldats de retour de la guerre. Le réalisateur et les deux acteurs principaux Michael Fassbender et Marion Cotillard étaient sur la Croisette pour défendre le film. "Je n'ai pas essayé de mettre un concept sur l'oeuvre", a indiqué Kurzel. "Je me suis plutôt concentré sur l'intime et la proximité avec les personnages." Michael Fassbender a quant à lui évoqué la pression liée à l'incarnation d'un tel personnage : "C'était terrifiant. Mais la meilleure façon de dépasser cela, c'est de travailler." Si les paysages de l'Ecosse hantent de leur majesté la pellicule, l'approche à la fois très littérale, naturaliste et excessivement dramatisée passe cependant à côté de l'oeuvre originale et peine à penser l'articulation entre le genre de la tragédie au théâtre avec celui du cinéma.

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22 Mai - Sections parallèles

Le festival ne se limite pas à la sélection officielle. Des sections parallèles explorent d'autres oeuvres et courants cinématographiques, à l'instar de la Quinzaine des Réalisateurs, de la Semaine de la Critique, ou encore de l'ACID, qui présentait sa soirée de clôture ce vendredi 22 mai, avec la projection de Cosmodrama de Philippe Fernandez. Il faut saluer les choix originaux de l'ACID qui a présenté pas moins de deux films de science-fiction cette année, au sein de sa sélection de 9 films. Avec Cosmodrama, film étrange qui pose la question de la naissance et de la nature de l'univers, de la vie et de la pensée, l'ACID a transporté ses spectateurs dans un autre monde, coloré et décalé, revisitant les codes de la science-fiction des années 1970.

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21 Mai - Cannes c'est aussi... [Episode 2]

Ce n'est pas l'arrière-cour d'un magasin de bricolage ou d'un chantier, mais bien ce qui s'offre directement à la vue du passant juste en face des fameuses marches du Palais des Festivals. Ce que l'on ne verra pas sur les photos ; l'envers du décor, en quelque sorte. Le chasseur de star ou le curieux très organisé qui veut avoir sa part du glamour du tapis rouge n'a d'autre choix que de se hisser en haut d'une échelle ou autre escabeau dans l'espoir de dominer la foule. L'outil se doit donc d'être entreposé, prêt à l'emploi, derrière sa barrière, pour être dégainé le moment venu. Les échelles et les chaises s'amoncellent ainsi devant le palais, allée métallique de bric et de broc des plus singulières. Traces des foules passées et augures de celles à venir, elles sont pour autant désertes pendant la journée, à l'exception de quelques aficionados qui campent le jour durant sous un parasol. Leur place est attitrée, cette route est la leur et ils comptent bien le montrer.

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20 mai - Revoir ses classiques

On le sait moins mais le Festival de Cannes est aussi l'occasion de redécouvrir d'anciens films, notamment grâce à la programmation "Cannes Classic" qui présente des rééditions de chefs d'oeuvre du passé, comme cette année Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle ou encore Xia Nu de King Hu. De même, alors qu'il n'est pas toujours facile d'accéder aux séances du Palais des Festivals, il reste toujours la possibilité pour le festivalier non accrédité de s'installer confortablement dans le sable, le soir venu, pour assister à la projection en plein air au Cinéma de la plage. Une programmation tous publics qui mélange les genres et où, cette année, se croisent Ran d'Akira Kurosawa et Hibernatus d'Edouard Molinaro, en passant par The Usual Suspects de Bryan Singer. En ce soir du 20 mai, c'est The Terminator de James Cameron, grand classique de la science-fiction, que les badauds ont eu l'occasion de (re)découvrir, les pieds dans l'eau, ou presque.

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19 mai - Une question de talon

La conférence de presse de Sicario, le nouveau film de Denis Villeneuve, n'a pas été seulement l'occasion d'évoquer le problème du trafic de drogue à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique ; il y a aussi été question de sexisme et de la place des femmes dans le cinéma. Car un peu plus tôt ce matin, un article dénonçait l'interdiction de l'accès au tapis rouge aux femmes ne portant pas de talons hauts lors des soirées de gala. Si Thierry Frémaux, délégué général du festival, a démenti, de nombreux témoignages ont alimenté la polémique. La réaction d'Emily Blunt, star de Sicario, ne s'est pas fait attendre : levant les yeux au ciel, elle a trouvé "très décevant" d'en être encore là en 2015. Elle a par ailleurs confirmé le fait que la majorité de ses partenaires à l'écran étaient... des hommes, à l'image du long métrage de Denis Villeneuve, où elle joue une femme agent du FBI. L'occasion pour la comédienne de dénoncer certains clichés sur les femmes au cinéma : "On dit que mes personnages sont des femmes fortes, dures, mais je ne sais pas ce que cela veut dire. Bien des femmes dans le monde sont fortes et ces personnages ne sont pas des exceptions. Par ailleurs pourquoi parler de femme forte? parce que je porte un pistolet? Je ne crois pas que ce soit un critère."

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18 Mai - "À Pixar, nous racontons nos histoires par l'image"

Après le tonnerre d'applaudissements qui a clôt la projection, la question était sur toutes les lèvres : pourquoi diable le dernier film des studios Pixar, Inside Out (Vice-Versa en français), n'est-il pas en compétition cette année ? Son réalisateur, Pete Docter, présent à Cannes avec le grand manitou de Pixar, John Lasseter, n'a pas vraiment voulu répondre. Son long métrage a pourtant conquis la Croisette, tant par la finesse du propos que la virtuosité de la réalisation, ou encore le jeu imparable des acteurs. Amy Poehler, Phyllis Smith et Mindy Kaling, stars du petit écran (Parks & Recreation et The Office), y incarnent respectivement la joie, la tristesse et le dégoût, trois émotions qui donnent le La dans la vie de la petite Riley, 11 ans. Mettant en image les processus de l'esprit et les sentiments, Inside Out est aussi une réflexion sur la sortie de l'enfance. Les spectateurs, entre deux éclats de rire, avaient tous la larme à l'oeil, retrouvant la magie dont Pixar s'est fait une spécialité. Aux côtés des comédiennes américaines, le casting français (Pierre Niney, Charlotte Le Bon, Marilou Berry, Gilles Lellouche...) était également présent à Cannes, exprimant son admiration pour le studio américain. L'année des 20 ans de Toy Story, Pixar continue de faire l'unanimité et pose un nouveau jalon dans l'Histoire de l'animation. 

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17 Mai - Cannes c'est aussi... [épisode 1]

LORSQUE LA JOURNÉE ARRIVE à son terme et que les spectateurs en robe de soirée et smoking se massent autour du Palais des Festivals pour les projections de gala du soir, un océan de pancartes aussi artisanales les unes que les autres tranche avec le glamour des tenues de soirée. Les festivaliers clament leur espoir d'entrer à la projection et cherchent des invitations. Le tout écrit à la main, avec, le plus souvent, un smiley ou un mot d'esprit pour attirer le chaland. Les techniques sont multiples : essayer d'apitoyer les porteurs desdites invitations, tenter de les faire rire, ou peut-être de les charmer. Quoi qu'il en soit, l'enjeu est de taille, car, en cas de réussite, ce n'est rien moins que le tapis rouge de la montée de marches qui attend les vainqueurs de ce jeu de chaises musicales.

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16 Mai - "Tout le monde a le droit d'ovationner autant que de huer"
 
C'EST UN SPECTACLE PEU COMMUN À CANNES : un réalisateur qui immortalise des journalistes avec son appareil. C'est le cinéaste Gus Van Sant, lors de la conférence de presse de The Sea of Trees, qui s'est prêté à l'exercice. Peut-être pour contrer l'accueil mitigé que son nouveau long métrage a reçu sur la Croisette ? Il était accompagné de ses deux acteurs principaux : Naomi Watts et Matthew McConaughey. Ce dernier a d'ailleurs déclaré que tout le monde a le droit d'ovationner autant que de huer. Le festival de Cannes est connu pour ses réactions vives aux projections, et cet accueil n'a pas impressionné Gus Van Sant qui a rappelé, serein, qu'il en avait vu d'autres. Rappelons qu'en 2003, des journalistes se disputant autour de son Elephant en étaient venus aux mains... avant que le long métrage ne soit couronné de la Palme d'or quelques jours plus tard.

Festival de Cannes 2015, Gus Van Sant, Matthew McConaughey, Naomi Watts, The Sea of Trees


 
15 Mai - "Il n'y a pas de réponse positive à la triste réalité de la vie"

CHEMISE A CARREAUX BLEUS, air discret de clown triste derrière ses éternelles lunettes, Woody Allen est venu une fois de plus sur la croisette pour présenter son nouveau film, Irrational Man, aux côtés de ses deux actrices principales, Emma Stone et Parker Posey. Se présentant avant tout comme Festival de Cannes 2015, Woody Allen, Parker Posey, Irrational manquelqu'un qui a simplement envie de raconter les histoires qui lui viennent en tête, le réalisateur new-yorkais a répondu aux questions des journalistes. Extraits choisis.
 
"Si je pouvais refaire mes films, je les referai tous pour pouvoir les améliorer. Je ne revois jamais un film que j'ai fait, sinon je ne vois que les défauts."

"Il n'y a pas de réponse positive à la triste réalité de la  vie, quoi qu'en disent les philosophes, les prêtres ou les psychanalystes. Le seul moyen d'agir, en tant qu'artiste, c'est de trouver quelque chose qui permette d'expliquer pourquoi la vie doit être vécue. Et pour cela, il faut ruser, car en réalité, la vie n'a pas de signification. Donc il faut distraire les gens. Et moi, je me distrais en faisant des films. Je regarde Fred Astaire danser pendant une heure et demie, et pendant ce temps-là, je ne pense pas à ma mort, ni à la décadence de mon corps."

"Le truc, c'est de choisir des grands acteurs et ensuite de les laisser faire. Il ne faut surtout pas les déranger. Après on vient nous dire que l'on est un grand réalisateur, mais en fait, tout ce qu'il y a à faire, c'est de ne pas les déranger."


 
14 Mai - Le jury

CETTE ANNÉE, le festival compte deux présidents. Une première, mais il n'en fallait pas moins pour les frères Joel et Ethan Coen, entité cinématographique à deux têtes qui hante les écrans de Cannes depuis de nombreuses années. À leur tableau de chasse : Palme d'or en 1991 pour Barton Fink, prix de la mise en scène pour Fargo en 1996 et The Barber en 2001, ou encore un Grand Prix en 2013 pour Inside Llewyn Davis... Quant au jury court-métrage, il est présidé par Abderrahmane Sissako et celui d'Un certain regard par Isabella Rosselini.

C. C. 
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à Cannes, mai 2015

Crédits photo : Claire Cornillon