
Dans son précédent spectacle - Saisir, une adaptation de textes d'Henri Michaux -, elle explorait un univers empli de métamorphoses intérieures. Avec Donnez-moi donc un corps !, elle a souhaité poursuivre son travail sur la métamorphose en l'abordant sous l'angle du corps: "Il s'agit pour moi d'évoquer la question de notre rapport intime, imaginaire et fantasmatique à notre identité, au-delà des images de soi héritées ou imposées". Dans ce spectacle hybride, qui relève le défi d'adapter à la scène des textes non théâtraux, la compagnie propose un univers visuel et sensible, à la frontière du théâtre et de l'installation plastique.
Certains se sentent encombrées par de multiples êtres, d’autres se sentent dispersés ou poreux. Certains ne se reconnaissent pas dans la glace ou y ont perdu leur reflet, d’autres perdent la sensation de leurs limites… Il s'agit donc de laisser la parole au corps invisible : celui à qui notre corps de surface, façonné et contraint par l'image que nous renvoie notre miroir ou le regard de l'autre, laisse rarement se déployer. "Elle s’approchait du miroir, de plus en plus près, jusqu’à se trouver nez-à-nez avec elle-même, et devant son visage, une buée légère se déposait, sous laquelle elle s’effaçait. Et c’est comme ça qu’elle s’est mise à vouloir disparaître. [...] N’être elle-même qu’un regard, un témoin. Lumière dans la lumière. Ombre parmi les ombres" (extrait, d’après Gwenaëlle Aubry, Notre vie s’use en transfigurations).
C’est ce va-et-vient entre son et scénographie qui constitue la trame narrative de l’ensemble. Accompagné par le travail graphique de Louise Dumas, la metteur en scène construit l’espace scénique comme une œuvre plastique, où elle associe chant, sonorités, et silence.
