
 À présent que cette polémique est terminée et que la tension autour de ce film est retombée, le moment semble opportun pour revenir sur sa réception et sur son interprétation. Les critiques se sont enflammées autour de l'image de l'islam que Caroline Fourest proposait, ainsi que sur les inexactitudes historiques ou politiques dont son film était accusé. Mais peut-être une intérprétation autre, qui ne soit ni historique ni politique, est-elle susceptible  d'éclairer le film d'une nouvelle manière. En réinscrivant le film dans le registre symbolique du sacré, qui est celui-là même que convoque Caroline Fourest dans les réponses à ses critiques, il est possible de l'approcher comme une parabole apocalyptique, celle-là même décrite par l'Apocalypse de Jean dans le passage où la femme affronte le dragon, la bête de l'Apocalypse.
À présent que cette polémique est terminée et que la tension autour de ce film est retombée, le moment semble opportun pour revenir sur sa réception et sur son interprétation. Les critiques se sont enflammées autour de l'image de l'islam que Caroline Fourest proposait, ainsi que sur les inexactitudes historiques ou politiques dont son film était accusé. Mais peut-être une intérprétation autre, qui ne soit ni historique ni politique, est-elle susceptible  d'éclairer le film d'une nouvelle manière. En réinscrivant le film dans le registre symbolique du sacré, qui est celui-là même que convoque Caroline Fourest dans les réponses à ses critiques, il est possible de l'approcher comme une parabole apocalyptique, celle-là même décrite par l'Apocalypse de Jean dans le passage où la femme affronte le dragon, la bête de l'Apocalypse. Puis l’oncle de Zara parvient à l’exfiltrer du village où elle est retenue prisonnière et Zara arrive dans un camp de réfugiés yézidies situé à la frontière, où elle retrouve le reste de sa famille. Commence alors la seconde partie du film.
Puis l’oncle de Zara parvient à l’exfiltrer du village où elle est retenue prisonnière et Zara arrive dans un camp de réfugiés yézidies situé à la frontière, où elle retrouve le reste de sa famille. Commence alors la seconde partie du film. De la même manière, La Déchirure(1984) de Roland Joffé montre la fin de la ville de Phnom Penh juste avant et juste après l’entrée des Khmers rouges dans la ville. Même si chacun attend avec anxiété ce qui peut arriver, personne n’imagine l’horreur des camps khmers pendant la durée du régime du Kampuchéa démocratique. Des scènes d’anthologie, comme l’évacuation des derniers ressortissants américains par hélicoptère alors que la limousine officielle amène l’ambassadeur pour embarquer, donnent cette impression de violence latente, contenue, mais présente, et qui va déferler sur le Cambodge. On pourrait aussi faire référence à La Liste de Schindler (1993) de Steven Spielberg, qui décrit l’entrée des troupes allemandes en Pologne et le basculement de la vie des juifs de Cracovie qui, du jour au lendemain, passent de leurs appartements confortables au ghetto. Voilà des films qui présentent tous un basculement : on passe du bonheur quotidien à la terreur quotidienne.
De la même manière, La Déchirure(1984) de Roland Joffé montre la fin de la ville de Phnom Penh juste avant et juste après l’entrée des Khmers rouges dans la ville. Même si chacun attend avec anxiété ce qui peut arriver, personne n’imagine l’horreur des camps khmers pendant la durée du régime du Kampuchéa démocratique. Des scènes d’anthologie, comme l’évacuation des derniers ressortissants américains par hélicoptère alors que la limousine officielle amène l’ambassadeur pour embarquer, donnent cette impression de violence latente, contenue, mais présente, et qui va déferler sur le Cambodge. On pourrait aussi faire référence à La Liste de Schindler (1993) de Steven Spielberg, qui décrit l’entrée des troupes allemandes en Pologne et le basculement de la vie des juifs de Cracovie qui, du jour au lendemain, passent de leurs appartements confortables au ghetto. Voilà des films qui présentent tous un basculement : on passe du bonheur quotidien à la terreur quotidienne. Donnons-en ici deux exemples : "Bien que très documenté, Sœurs d’armes s’avère souvent artificiel, maladroit dans le scénario comme dans la mise en scène" (Télérama), ou encore : "Rien ne nous est épargné dans ce récit ultra-démonstratif qui se veut féministe mais aligne rapidement tous les clichés des films de garçons à gros bras au point de déraper dans la complaisance, accentuée par l’utilisation pompière du ralenti et de la musique" (Le Journal du Dimanche). Pour d’autres critiques, l’intention est bonne, voire louable, mais malheureusement gâchée par la mise en scène. À nouveau, deux exemples : "Si les intentions sont nobles, le récit n’en finit pas d’aligner les poncifs du genre et confine à la naïveté" (Les fiches du cinéma) ; "Si le sujet est indispensable – on ne rappelle et salue jamais assez le courage de ces femmes –, le film est dispensable, tant il cède à un pathos prévisible, qui englue le drame dans la guimauve. Ces héroïnes martyres sont écrasées par les clichés, et le souffle épique n’est en fin de compte qu’un petit vent sec" (Le Nouvel Observateur). Enfin une troisième série de commentaires a considéré le propos lui-même, pour le critiquer en tant que tel. Par exemple : "un film de fiction équivoque et embarrassant" (Libération), "un film de propagande décevant" (France Culture), "un djihad antimusulman" (Ajib.fr). Et des critiques ont mis en avant l’inexactitude historique du film, par exemple le Collectif des combattantes et combattants francophone du Rojava (CCFR) qui considérait que "la fiction n’est pas un passe-droit permettant de s’affranchir de la réalité d’un conflit en cours".
Donnons-en ici deux exemples : "Bien que très documenté, Sœurs d’armes s’avère souvent artificiel, maladroit dans le scénario comme dans la mise en scène" (Télérama), ou encore : "Rien ne nous est épargné dans ce récit ultra-démonstratif qui se veut féministe mais aligne rapidement tous les clichés des films de garçons à gros bras au point de déraper dans la complaisance, accentuée par l’utilisation pompière du ralenti et de la musique" (Le Journal du Dimanche). Pour d’autres critiques, l’intention est bonne, voire louable, mais malheureusement gâchée par la mise en scène. À nouveau, deux exemples : "Si les intentions sont nobles, le récit n’en finit pas d’aligner les poncifs du genre et confine à la naïveté" (Les fiches du cinéma) ; "Si le sujet est indispensable – on ne rappelle et salue jamais assez le courage de ces femmes –, le film est dispensable, tant il cède à un pathos prévisible, qui englue le drame dans la guimauve. Ces héroïnes martyres sont écrasées par les clichés, et le souffle épique n’est en fin de compte qu’un petit vent sec" (Le Nouvel Observateur). Enfin une troisième série de commentaires a considéré le propos lui-même, pour le critiquer en tant que tel. Par exemple : "un film de fiction équivoque et embarrassant" (Libération), "un film de propagande décevant" (France Culture), "un djihad antimusulman" (Ajib.fr). Et des critiques ont mis en avant l’inexactitude historique du film, par exemple le Collectif des combattantes et combattants francophone du Rojava (CCFR) qui considérait que "la fiction n’est pas un passe-droit permettant de s’affranchir de la réalité d’un conflit en cours". Il lui faut davantage. Elle présente des femmes qui ont été confrontées à la violence extrême et qui partent en guerre militaire contre celle-ci. Et il ne s’agit évidemment pas de n’importe quelle violence : pour styliser à l’extrême la violence masculine, Caroline Fourest a choisi l’idéologie de Daech. Ainsi Sœurs d’armesse présente comme une parabole paroxystique sur la guerre féministe. "Entrer dans l’histoire c’est entrer dans la haine", disait Malraux. Avec Sœurs d’armes, Caroline Fourest nous fait entrer dans l’histoire au cœur même de la haine. D’où les aspects perçus comme naïfs par les critiques, car cet axe d’entrée dans le conflit syrien gomme évidemment les différentes particularités géographiques ou politiques, qui pourraient venir affaiblir le propos parabolique du film. Finalement, les explications de Caroline Fourest amènent à envisager son film comme une tentative d’aller Au cœur de la violence, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Jean-Marie Tézé (1998) illustré en couverture par Le Portement de Croix de Gand (1508) de Jérôme Bosch.
Il lui faut davantage. Elle présente des femmes qui ont été confrontées à la violence extrême et qui partent en guerre militaire contre celle-ci. Et il ne s’agit évidemment pas de n’importe quelle violence : pour styliser à l’extrême la violence masculine, Caroline Fourest a choisi l’idéologie de Daech. Ainsi Sœurs d’armesse présente comme une parabole paroxystique sur la guerre féministe. "Entrer dans l’histoire c’est entrer dans la haine", disait Malraux. Avec Sœurs d’armes, Caroline Fourest nous fait entrer dans l’histoire au cœur même de la haine. D’où les aspects perçus comme naïfs par les critiques, car cet axe d’entrée dans le conflit syrien gomme évidemment les différentes particularités géographiques ou politiques, qui pourraient venir affaiblir le propos parabolique du film. Finalement, les explications de Caroline Fourest amènent à envisager son film comme une tentative d’aller Au cœur de la violence, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Jean-Marie Tézé (1998) illustré en couverture par Le Portement de Croix de Gand (1508) de Jérôme Bosch.


 
  