deux approches du cinéma, Jean-François Rauger, programmateur de la Cinémathèque, reconnaît la difficulté liée à l'intégration de ces "objets incongrus" dans l'agenda de l'institution. La création des séances de cinéma bis répond en partie à la nécessité d'ouvrir une voie pour que ces films méconnus ne soient pas noyés dans le flot des classiques divers et variés. Les intitulés des soirées renvoient à des genres, des sous-genres ou des thématiques particulières parfois... déconcertantes. Des films de motards (25 mars) côtoient ainsi un hommage à Steven Seagal (22 avril) ainsi qu'une soirée Edgar Rice Burroughs (27 mai). Le titre de Michel Foucault, Surveiller et punir, se retrouve lui-aussi dans la programmation, mais c'est de femmes en prison qu'il s'agit et non d'une réflexion philosophique sur l'univers carcéral…
de critiques universitaires et d'institutions comme la Cinémathèque française. Les séances de cinéma bis projetées ici regroupent essentiellement des films dits d'exploitation, définis comme des longs métrages à caractère commercial "au budget minimal, reposant sur des codes de genre clairement définis". Ce terme, en lien avec les differents genres ou sous-genres, a donné lieu à une création lexicale aussi surprenante que réjouissante : la "nunsploitation" (films mettant en scène des religieuses) et la "nukesploitation" (films inspirés de l'univers post-nucléaire de Mad Max) disputent la vedette aux plus classiques blaxploitation (destiné à un public afro-américain) et sexploitation.
de faire correspondre l'importante collection réunie par le fondateur Henri Langlois et ses successeurs avec un intérêt naissant du public pour le cinéma bis. Dès le départ, la double programmation fonctionne comme un clin d'oeil aux cinémas de quartier qui proposaient, en France comme aux Etats-Unis, deux films pour le prix d'un. Il s'agit de "retrouver des sensations de spectateur", et de "faire ressurgir des films inconnus ou oubliés, hors des circuits commerciaux". Ce projet dont le succès a été presque immédiat n'a pas véritablement rencontré d'obstacles, la barrière entre le cinéma respectable et le non-lieu du cinéma bis étant déjà presque tombée.
Cinémathèque, la survalorisation du cinéma d'exploitation correspondrait à un dévoiement du geste initial de la cinéphilie qui avait amené Godard et ses collègues des Cahiers du Cinéma à réhabiliter des cinéastes populaires comme Howard Hawks ou Alfred Hitchcock. En même temps, cette cinéphilie, toujours selon Jean-François Rauger, apparaît comme jalouse de son territoire : quand la Cinémathèque française se réapproprie tout un pan de l'histoire du cinéma, le bissophile aurait "la sensation que son objet d'amour est récupéré". 
