L`Intermède
Le choix de la rédaction de L`Intermède

Vi, de Kim Thúy
Editions Liana Levi
Sorti le 2 mai 2016



En deux mots 
 
 
vi, kim thuy, ru, littérature, livre, québec, québécois, vietnam, vietnamien, roman, autobiographie, libre, expression, france, liana levi
Vi est le troisième roman de Kim Thúy, québécoise d’origine vietnamienne. Comme dans Ru, son début littéraire couronné du Prix du Gouverneur général en 2009, et dans Mãn qui a suivi en 2013, l’intrigue se fonde sur un noyau autobiographique : c’est l’histoire d’une femme née au Vietnam pendant la guerre, partie avec ses parents à l’âge de dix ans à bord d’un bateau et arrivée au Québec comme réfugiée à la fin des années 70.

Dès le titre, Kim Thúy joue avec la pluralité de significations que les mêmes mots, ou les mêmes sons, ont dans ses deux langues : le nom de Vi, la protagoniste, veut dire littéralement "précieuse minuscule microscopique" ; au Québec cette signification se perd, pour se confondre avec celle de son homophone français. "N’est-ce pas qu’elle est belle, notre Vi ?", s’exclame la meilleure amie de la protagoniste, qu’elle a rencontrée dans un cours de traduction. De même, on apprend dans la première page de Ru que ce mot signifie en français "petit ruisseau", en vietnamien "bercer" ou "berceuse".

Les lecteurs de Thúy retrouvent le style de Ru, ses courts chapitres, sa délicatesse et sa simplicité apparente, ainsi que l’omniprésence de la réflexion sur les langues, à partir des titres des chapitres, qui sont le plus souvent des noms de lieux suivis de leur traduction littérale, parfois étonnante ("Myanmar : pays merveilleux" ; "Canada : village"…).

Mais si dans Ru – ouvertement autobiographique – il était surtout question d’origine et de migration (le plus grand nombre de chapitres y était consacré à l’enfance vietnamienne et aux premières, et difficiles, années au Québec), Vi est le récit d’un apprentissage de l’Occident, d’une rébellion envers des traditions familiales de plus en plus incompréhensibles et, plus tard, de la redécouverte du pays d’origine, en quelque sorte de son réapprentissage. Dans ce roman où foisonnent les récits de voyage, prévaut la mélancolie  d’une narratrice suspendue entre plusieurs cultures, et nulle part chez elle.

Sara de Balsi

---------------------
à Paris le 21 juin 2016



Vi, de Kim Thúy
Editions Libre expression (Québec)
24,95 $
Sorti en avril 2015

Editions Liana Levi (France)
14,50 €
Sorti le 2 mai 2016


Le dernier article de la rubrique Pages

Littérature : la tétralogie Yirminadingrad aux éditions Dystopia
Tous les choix de la rédaction de L`IntermèdeTous les choix de la rédaction de L`Intermède