
On voit alors une danseuse classique épouser les mouvements d’un breakeur, une bailaoara enchaîner les déboulés et l’ensemble de la troupe reprendre en chœur un chant traditionnel de Côte d’Ivoire ou enfiler des chaussures de flamenco pour se lancer dans une buleria endiablée. D’une influence à l’autre, il devient même parfois difficile de discerner qui se réclame de quel milieu. C’est que dans Gloria, tout est avant tout question de partage et de fierté. En effet, le chorégraphe a construit sa création autour d’interventions des artistes qui, un à un, font cesser le bal pour prendre la parole. A chaque fois, le propos est le même : celui d’une passion reniée ou contrariée par l’entourage, mais pour laquelle les danseurs n’ont jamais cessé de lutter. "Toi, tu es trop grosse", "Toi, tu es trop petite", "Tu veux faire de la danse, tu feras l’armée", "Tu n’y arriveras jamais", "Tu veux donc être pauvre ?" Et la réponse, toujours la même elle aussi : "Aujourd’hui, je suis fier.ère de danser", danser comme un homme, danser seins nus, danser en refusant la virtuosité, danser à l’aveugle mais danser sans cesse et donner à voir la joie immense qui s’empare des corps libérés des carcans de la société.



