SUITE À DEUX TENTATIVES D’ABROGATION de l’Obamacare, la situation du système de santé américain – libéral et fondé sur le marché – continue de s’organiser principalement autour d’assurances privées, dont la qualité des prestations est souvent liée à l’emploi. Rien d’étonnant donc si, à Los Angeles – la ville de tous les possibles –, Bud, un père de famille aux prises avec une situation familiale compliquée et les soins dentaires de sa fille adolescente, est prêt à s’engager dans une chasse aux vampires, afin d’arrondir son salaire d’agent de nettoyage des piscines des quartiers résidentiels, et de subvenir ainsi aux besoins de son entourage. Sorti en 2022 et désormais disponible sur les principales plateformes de streaming, Day Shift raconte son quotidien avec humour et en déjouant un certain nombre de codes : distants de l’univers des films d’horreur à proprement parler, les combats mis en scène rappellent à la fois Mortal Kombat, Street Fighter et les scènes les plus iconiques de Matrix ; faussement inspirés de Carpenter, Bud et ses alliés ressemblent plus à des Walker Texas Rangers qu’à des Van Helsing de nos jours ; passionnés par les arts martiaux autant que par les armes, leurs actions sont aussi méticuleuses qu’acrobatiques, et ne serait-ce qu’en raison de leur caractère déjanté et de la réalité vaguement post-apocalyptique dans laquelle elle s’inscrivent, flirtent par moments avec les atmosphères d’un certain space opera.
MAIS LE PREMIER LONG MÉTRAGE DE J. J. Perry – cascadeur dans plusieurs des productions mentionnées plus haut, tout comme dans la série Buffy, habilement citée dans plusieurs séquences – surprend moins pour le mélange des genres que par l’interprétation des personnages qui orbitent autour du protagoniste – interprété par Jamie Foxx –, dont certaines répliques semblent vouloir revisiter, dans une perspective manifestement antiphrastique, celles prononcées par l’acteur dans le rôle-titre de Django Unchained (2012). Dave Franco dans la peau d’un fonctionnaire du Syndicat des Chasseurs de Vampires est aussi drôle que nécessaire : impossible de ne pas repenser aux internes de la série Scrubs (qui le révèle au grand public en 2009) lorsque nous le retrouvons confronté à une burocratie ubuesque, qui ne peut qu’être contrastée avec le même type de rhétorique qui semble en assurer le bon fonctionnement. Il en va de même pour Snoop Dogg qui, de fait, n’est pas dans ce film moins « hors-la-loi » que d’habitude – avec tout ce que cela implique dans la mémoire des spectateurs.
POUR CE QUI EST DES VAMPIRES, rien d’étonnant si la cheffe Karla Souza, alias Audrey San Fernando, se fait passer pour la responsable d’une agence immobilière : elle réactualise par là un motif assez classique, reproposé il n’y a pas très longtemps par l’amusant (et très intelligemment pensé) Vampires vs. The Bronx (2020) d’Osmany Rodriguez. J.J. Perry, lors de la promotion de Day Shift, a répété à plusieurs reprises qu'il souhaitait, après une carrière en tant que stunt coordinator, rendre hommage, derrière la caméra, aux films qui avaient nourri son imagiaire de lycéen. Dans l'ordre, Fright Night (1986), The Lost Boys (1987), Big Truble in Little China (1986) et Evil Dead (1981). Pas de doutes : pari réussi !
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Guido Furci ------------------------- le 02 janvier 2022
Sorti en 2022 et désormais disponible sur les principales plateformes de streaming, Day Shift raconte son quotidien avec humour et en déjouant un certain nombre de codes : distants de l’univers des films d’horreur à proprement parler, les combats mis en scène rappellent à la fois Mortal Kombat, Street Fighter et les scènes les plus iconiques de Matrix ; faussement inspirés de Carpenter, Bud et ses alliés ressemblent plus à des Walker Texas Rangers qu’à des Van Helsing de nos jours ; passionnés par les arts martiaux autant que par les armes, leurs actions sont aussi méticuleuses qu’acrobatiques, et ne serait-ce qu’en raison de leur caractère déjanté et de la réalité vaguement post-apocalyptique dans laquelle elle s’inscrivent, flirtent par moments avec les atmosphères d’un certain space opera.
