L`Intermède
Adieu Gary, la force poétique du réelAdieu Gary
Le premier film de Nassim Amaouche sort ce mercredi 22 juillet sur nos écrans, alors que son interprète principal, Yasmine Belmadi, s'est tué la semaine dernière dans un accident de scooter.

 Samir (Yasmine Belmadi) sort de prison et rentre chez lui, dans une cité ouvrière du sud de la France où vit son père Francis (Jean-Pierre Bacri). On s’attend à un film social pesant et naturaliste, mais Adieu Gary est une œuvre contemplative, humaine, visuellement soignée, sans être pour autant esthétisante. "Je comprends les réticences "morales" de certains réalisateurs qui ne veulent pas esthétiser la misère ; mais pourquoi s’interdire de "rendre beaux" ceux qui y vivent ?", demande Nassim Amaouche, le metteur en scène. Cette tension entre beauté et vérité, fiction et réalité, trouve précisément un écho dans le jeu de références cinématographiques sur lequel se construit aussi le film.

Car cette cité ouvrière a des allures de ville de western, et l’on ne s’étonne finalement pas d’y voir l’ombre de Gary Cooper sur son cheval, comme le fait José, jeune garçon mutique qui identifie son père absent à cet acteur américain mythique. Tous les habitants de ce quartier prennent vie, non par des intrigues complexes ou des dialogues élaborés,mais simplement par touches d’existence, en étant là devant nous, en marchant, en mangeant, en travaillant.

Adieu GaryDes images subtiles, parfois insolites, naissent de cette simplicité touchante : cet homme qui improvise des tours de magie pour les enfants qui passent, Francis qui travaille sur sa machine dans l’usine démantelée. Porté par la musique du Trio Joubran, Adieu Gary est un voyage à la fois léger et profond. En effet, cette esthétique contemplative n’en fait pas une œuvre abstraite. Le film parle de la famille, notamment du rapport entre un père et son fils, de l’effort et de la fierté du travail bien fait, de la pauvreté et des injustices sociales, de la vie. Et cela sonne juste. "Ma plus grande fierté, explique Nassim Amaouche, serait d’avoir raconté une histoire qu’on peut trouver gentille, sucrée mais qu’au final, pendant le générique, les spectateurs se disent que le bonbon avait un arrière-goût acidulé."

Claire Cornillon
Le 21/07/2009

 

Adieu Gary, drame de Nassim Amaouche
France
Avec Jean-Pierre Bacri, Dominique Reymond, Yasmine Belmadi
Sortie le 22 Juillet 2009
1h15 

 

 


 

 

 

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