L’ARRIVEE AU CAMP ET LES PREMIERES HUMILIATIONS – la mise à nu, le tatouage… – laissent place à l’effroi, la haine, l’égoïsme, à un nouveau rapport à la mort, jusqu’à l’annihilation des émotions.
D’ailleurs, lors de son premier retour à Birkenau au début des années 2000 avec son association – l’Union des déportés d’Auschwitz –, rien n’était plus pareil : «
Le camp pour moi, c’est la saleté, les cris, les hurlements, les coups, ça grouille, tout le monde court, travaille. Là, il n’y avait plus tout cela. Ce qui fait que je n’ai rien ressenti. Depuis la déportation, plus rien ne m’émeut ». De même, quand elle témoigne, Ginette Kolinka ferme souvent les yeux. Cela lui permet de se concentrer mais aussi de se replonger dans ses souvenirs et de les visualiser, à défaut de ressentir : «
L’image du camp est dans ma tête et quand je parle, je le vois. Tout ce dont je parle, je le vois. Je vois mais je ne ressens pas. Ni les émotions, ni la faim, ni le chaud, ni le froid » (Entretien avec Victor Matet).