
Lors du ballet initialement monté en 2013, les deux artistes s'étaient déjà proposés de décloisonner les champs artistiques et de mettre à l'épreuve leurs disciplines respectives. L'exposition nous présente ici une nouvelle version de cette création, où les mots, les objets et les gestes fonctionnent comme autant de surfaces réfléchissantes parmi lesquels le public est invité à se mouvoir.
Le spectateur est invité à entrer sur la scène par le côté – c'est l'entrée des artistes –, et ainsi à faire partie intégrante de cette répétition en cours. C'est l'occasion de découvrir l'envers du décor et d'essayer de comprendre comment s'élabore le travail du chorégraphe. On est plongé au cœur du processus d'invention et de création. Toutefois, l'antagonisme entre le "Stay" et le "Go" place le visiteur dans une position assez inconfortable : où est sa place ? Doit-il rester ou partir ?
C'est un deuxième reflet qui survient, celui du projet dans son intégralité. L'exposition opère un retour critique sur le ballet qui finit par se contempler lui-même. On y interroge son sens grâce à la présence du spectateur qui se retrouve au centre de l’œuvre. Lorsqu'il entre sur la scène par le côté et y déambule, celui-ci projette son propre reflet dans la création comme s'il était l'image miroitante de l'un des danseurs. Dans les quatre films différents, les corps des uns, en pleine répétition sur l'écran, se reflètent avec ceux des autres qui y participent et en deviennent ainsi acteurs. C'est la rencontre de corps réels et de corps virtuels, ces corps si chers à Barbara Kruger sur les images qu'elle utilise. D’objet inerte, le spectateur se fait mobile, visible, esthétique : il crée et est créé au même titre que ce qu’il regarde.


