ots publicitaires ou des reportages télévisés, Wanda Koop effectue un travail de traduction, explique Josée Drouin-Brisebois, commissaire de l'exposition au Musée des Beaux-Arts du Canada. Elle aime jouer avec la façon de regarder." L'artiste se concentre sur ces instants éphémères où chaque élément existe de façon autonome, avant de se fondre dans un tout et devenir vecteur de sens. Pour cela, une gamme chromatique à la fois simple et complexe : les tableaux individuels sont peints dans une couleur unique, propre. Mais ensemble, ils créent l'illusion du mouvement sur le mur bleu. Ils font penser à des mots qui, mis ensemble, forment une phrase.
paysage imaginaire, l'artiste interroge l'expérience du monde, de moins en moins directe. Entre l'homme et son environnement s'est glissé un écran. La connaissance du monde semble augmenter, mais l'interaction immédiate avec lui diminue. A l'image de cette inflation paradoxale, le projet Green Zone est un acte de haute voltige picturale où l'artiste met en scène 311 peintures associées à trois vidéos pour jongler avec la représentation des médias. "Wanda Koop réfléchit à la médiation d'aujourd'hui, à la perte de contact avec le monde, poursuit Josée Drouin-Brisebois. Sans jugement." Au moment où la peintre termine ses études, dans les années 1970, les premiers mouvements écologistes tentent d'attirer l'attention de la communauté internationale sur la marche destructive que cette dernière a entamée depuis l'industrialisation. L'artiste s'approprie les oppositions rhétoriques autour du concept de nature et interroge la médiation matérielle que réprésente l'écran tout en questionnant notre socialisation. Partant de l'idée que la nature, en tant que telle, n'existe pas ; qu'elle est le fruit d'une construction, d'une manipulation, d'une transformation sociale.
peint en 1996, se veut la figuration de toutes les larmes jamais versées. "Le travail d'épuration qu'elle entreprend donne à ses toiles une dimension symbolique qui érige sa peinture en forme de langage", explique la commissaire. Mais les tableaux de 9 signs suscitent le malaise, l'inconfort d'un regard qui perçoit sans voir, frustré de ne pouvoir s'approprier entièrement l'objet du désir visuel. Froides et intimidantes, ces oeuvres sont les premières à exprimer une angoisse environnementale dans la peinture canadienne. Quelques années plus tard, Wanda Koop endosse le rôle de Cassandre avec Suite atomique, variant le bleu et le noir pour dépeindre la fusion partielle du coeur du réacteur nucléaire à Three Mile Island en 1979. Ces tableaux sont exposés au printemps 1986, quelques semaines seulement avant la catastrophe de Tchernobyl. "Wanda Koop s'intéresse au conflit dans la société en travaillant à partir d'images. C'est une artiste politique, à sa façon."
spectateur. "Wanda aime peindre des oeuvres qui créent un environnement, une expérience pour le spectateur", souligne Josée Drouin-Brisebois. Libre de faire ses propres associations, notamment parce que l'artiste se réfère à un vécu partagé, celui-ci est cependant encouragé à observer, sélectionner, comparer, interpréter. En un mot : participer à la création. Mais son cheminement ne saurait être le pur fruit du hasard. Car, très tôt, Wanda Koop s'implique dans l'organisation de ses expositions afin de mettre sur pied des récits visuels cohérents. Sous son contrôle, les salles d'exposition se transforment en véritables réseaux de figuration avec une inclusion croissante de la vidéo, non comme simple composante secondaire mais comme pièce incontournable dans la ligne rythmique du projet. La disposition des tableaux dans Green Zone imite ainsi l'aléatoire pour traduire une décomposition numérique à grande échelle. Face à l'intimité de l'artiste peignant se dresse progressivement l'intimité du visiteur regardant.
