Dans la brume électrique
disposées sur des présentoirs. Par série de deux, trois, cinq, ou neuf, ces photographies semblent découpées dans la pellicule d'un film. Au cinéma, le spectateur regarde l'écran droit devant lui ; ici, qu'il s'agisse de se pencher sur chaque image ou d'aller et venir de l'une à l'autre, il faut reconstituer une séquence, en écho au labyrinthe de l'enquête.
commissaire invitée de l'édition 2008 de Paris Photo mettant la photographie japonaise à l'honneur, "photographie" se dit en japonais "shashin", mot composé de deux idéogrammes qui signifie "reproduire" (sha) le vrai (shin)". L'acte photographique s'apparente alors à une "quête de la vérité". Ce sont les années 1930 qui marquent le passage vers la photographie moderne, notamment grâce à la création de la revue Kôga (1932), dont le titre est la contraction de "lumière" (kô) et de "dessiner" (ga). Ce glissement lexical n'est pas anodin : des photographes comme Yasuzô Nojima, Iwata Nakayama et Ihei Kimura retranscrivent alors une réalité sociale essentiellement urbaine. Kimura, qui joue un rôle moteur dans les milieux de la photographie japonaise jusqu'à la période d'après-guerre, est d'ailleurs surnommé "le Cartier-Bresson japonais" grâce à ses instantanés pris au Leica. Parallèlement, une photographie d'avant-garde, influencée par le surréalisme et l'abstraction européenne, s'installe à Osaka. Le Club Tampai, mené par des noms comme Osamu Shiihara, Eikoh Hosoe et Shomei Tomatsu, incarne une nouvelle génération d'artistes. S'affranchissant du style documentaire, ces derniers se tournent vers une expression plus subjective et fondent, en 1959, l'agence Vivo.
Dernière séquence, extérieur nuit. Des silhouettes, au sortir du poste de police. Puis, sur un pont baigné de brume reflétant les lumières de la ville, deux hommes, au premier plan, se font face. L'un tient à la main un document ; l'autre, une lumière qui éclaire leurs visages. Ainsi se conclut A criminal investigation. L'épilogue lève le voile sur une affaire qui, au fil des photographies de Watabe, reste irrésolue. Quelques mois plus tard, en juillet 1958, une campagne spéciale est lancée dans tout le pays afin de comparer les données relatives à des meurtres non élucidés. Ce qui aboutit, le 16 juillet 1958, à l'arrestation d’Onishi Katsumi, suspecté d'usurper l'identité de ses victimes. Onishi Katsumi est reconnu coupable de ses crimes le 23 décembre 1959. Le 30 mars 1961, la sentence de peine de mort est confirmée. Il est exécuté en 1965. 