
rappellent cette époque où l'on cherchait à synchroniser l'heure des différents cadrans placés sur les trottoirs de la ville par un système d'air comprimé. Par la suite, les travaux d'Einstein bouleversent ces représentations, prônant l'idée contre-intuitive d'une multiplicité des temps. Que dire, alors, du débat actuel sur les trous noirs ? Certains estiment que toute information qui y entre serait perdue pour toujours ; d'autres pensent qu'elle serait en réalité conservée "autour" du trou noir.
D'où l'intensité de la résistance au temps. Au son d'un premier métronome qui se démultiplie en d'autres appareils désynchronisés, le dessin s'efface, se transforme et redisparaît, tandis que William Kentridge court derrière les pages de son carnet. L'artiste n'en est pas à son coup d'essai : depuis une vingtaine d'années, il a réalisé différents films d'animation qui mobilisent différemment les moyens offerts par la caméra. Les illustrations au fusain sont gommées, modifiées, superposées, dans une tentative pour dévoiler et conserver ce mouvement de la main et des choses que "l'impermanence et [le] caractère provisoire du monde" nous masquent.
spectacle. Et à se promener dans ce qui a déjà été accompli, l'idée vient que la notion de temps se prête particulièrement bien à ce mélange des disciplines. "On ne peut pas échapper à la métaphore quand on travaille sur le temps, rappelle Peter Galison. Einstein lui-même utilisait des images, des exemples. Cela ne veut pas dire qu'on ne parle pas de la réalité, mais il n'y a pas d'alternative." Ce dialogue entre arts et sciences est éclatant quand on observe les connexions qui existent entre la musique, la mesure du temps et certaines inventions scientifiques. Les étranges installations qui mêlent roue de vélo et mégaphone rappellent que les rouages de l'horloge produisent toujours un son et un rythme, tandis qu'un télégraphe trône au fond de la salle comme l'immense pendule d'un métronome désynchronisé. 
