

Une vie dans les plis
Après la danse avec Isabelle Duncan, le musée consacré au sculpteur Bourdelle expose donc de la couture. Et dans le cas de Madame Grès, plus qu'un rapprochement, c'est un écho à sa propre vie. D'abord attirée par la danse avant de se tourner vers la sculpture, Germaine Emilie Krebs devient finalement modiste et, à l'âge de 29 ans, ouvre son propre atelier, "Alix Couture", pseudonyme qu'elle utilisera par la suite pour signer ses créations. Au fil de ses pérégrinations artistiques, elle retient certains principes : de son goût pour la sculpture, notamment, elle conserve la sensibilité aux volumes, l'attention à l'équilibre des forces, la volonté de mouler les corps en sculptant les robes à même les mannequins, et surtout une intarissable source d'inspiration. C'est ainsi toute l'imagerie des sculptures gréco-romaines qui renaît dans les robes ivoires ou gris perle qui composent la plus grande partie de la collection. Poursuivant le fantasme de coudre sans fil et sans aiguille, elle confectionne des robes en une pièce inspirées de toges, reprend les plis très serrés des tenues antiques, et, dans ses créations les plus caractéristiques, puise son inspiration aux sources de l'art occidental.
de cocktail en jersey de viscose rose pâle créée vers 1965.
en passant par Maria Casarès ou Marlène Dietrich. Celle que la rédaction de Vogue nommera "la plus grande couturière contemporaine" en 1988 obtient tour à tour le "Dé d'Or de la Haute Couture" en 1976 et la Légion d’Honneur en 1980 au titre de Chevalier. Devenue présidente de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, elle est aussi considérée par Bill Blass comme celle "dans les mains [de qui] la mode devient réellement un art" (1).
ce sont le ventre et les hanches qui sont mis à nus. Les tissus, déjà colorés, deviennent plus riches : mélange de tons, lamage d'or, pourpre, Madame Grès multiplie les commandes particulières pour confectionner des pièces uniques. Et certaines robes portent les traces d'un intérêt certain pour la mode traditionnelle orientale. Des manches amples, des vêtements aux allures de kimonos, Madame Grès ne cesse de varier les formes, avec pour seul fil conducteur l'élégance.