Decode, vertiges numériques
lignes colorées apparaissent au rythme des sons ambiants - ce que des logiciels comme iTunes ont, depuis plusieurs années, banalisé. Dans le même esprit, Arcs 21 (2009), de l’Autrichienne Lia 2009, répète inlassablement des arcs de couleurs, jusqu’à recouvrir totalement l’écran. Deux programmes se détachent de la masse lumineuse : Data-scan (2009) de l’artiste japonais Ryoji Ikeda, qui entrelace de façon vertigineuse sur une table-écran des résultats d’études menées sur les étoiles et sur l’ADN humain, et dont le tressage d’une masse démesurée d’informations issues de l’infiniment grand et de l’infiniment petit illustre les limites de la compréhension possible de ces objets qui dépassent l’intellect humain ; et Digital Zoetrope (2008), avec lequel le designer Troika détourne l’usage du zootrope en faisant circuler autour de la roue central des mots défilant à plusieurs vitesses, et qui, s’immobilisant un court instant, forment des haïkus aléatoires, avant de reprendre leur course folle.
Hemmer, arrange des tableaux composés d’un patchwork de photographies de baisers glanées de manière statistique sur la toile : 50% des visuels sont ceux de deux femmes s’embrassant, 25% deux hommes, et le dernier quart restant de couples hétérosexuels. 
(2006) et Tree (2005), où Simon Heijdens imagine une forêt pollénisée par le passage du visiteur qui dissème les graines et éparpille le sol de feuilles virtuelles qui jonchent le sol à l’approche de l’automne. Tout autant empreint de lyrisme, le collectif coréen Everyware invite à glisser ses doigts sur un écran recouvert de sable noir, faisant apparaître des créatures aquatiques mobiles dans chaque ligne tracée (Oasis, 2008-2009). Toutes les oeuvres réunies dans cette section dénotent moins l'action de l'homme sur la machine que la façon dont celle-ci peut directement influer sur l'image de l'homme, comme si le virtuel forçait à reconsidérer qui et ce que nous sommes. Ainsi, sur quinze travaux exposés, un tiers sont des déclinaisons de la notion de miroir : le Weave Mirror (2007), par Danile Rozinn, reproduit l'ombre des visiteurs, et le Venetian Mirror (2009), du collectif italien Fabrica, met en scène le cérémoniel de la pose pour une peinture, avant que l'image ne se révèle lentement à l'écran et reste en écho quelques instants. Comme un miroir qui garderait le reflet en mémoire.
