L'art vivant à l'arrêt
Prologue
aux personnages à mettre en scène, à l'instar de Macbeth ou Richard III. Les douze dessins de Füssli, montrant des épisodes tourmentés d’inspiration shakespearienne - principalement tirés d’Hamlet -, est le plus bel ensemble de cette exposition. Dorénavant, nous ne sommes plus à Rome au milieu de ruines mais dans des jardins et rues contemporaines. Les toges romaines ont laissé place aux tenues de Cour. Ingres et Delaroche théâtralisent l’Histoire - François Ier reçoit les derniers soupirs de Léonard de Vinci chez le premier, Jeanne d’Arc malade est interrogée dans sa prison par le cardinal de Winchester chez le second. On pleure les corps enlacés de Paolo et de Francesca de Dante chez Gaetano Previati et Alexandre Cabanel, ou celui d’un arlequin tué lors d’un combat singulier à l’épée, qui gît dans la neige, tout de blanc vêtu - Sortie du bal masqué de Jean-Léon Gérôme). On assiste à une véritable mise en scène de mélodrames. De nombreuses œuvres d’Eugène Delacroix représentent également des personnages du dramaturge anglais, comme Hamlet et Lady Macbeth. Nous ne sommes plus dans l’Histoire mais dans la représentation : les personnages sont sur scène, au théâtre. Delacroix n’utilise plus les codes liés à la théâtralité, il montre le théâtre et intègre donc le dialogue avec le spectateur.
Acte III : la déconstruction de l’espace scénique
du Nibelung, Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg et Tristan et Isolde. Les premiers plans sont totalement dégagés afin de laisser une surface importante pour le jeu d’acteur, alors que le fond est d’une monumentalité nouvelle, comme le montre les toiles Parsifal et L’Ombre du cyprès. La mise en scène est fondée sur et autour de l’acteur. Avec l’introduction de l’éclairage électrique au théâtre, Apia intègre dans ses dessins, et donc dans ces mises en scène, la lumière et le jeu d’ombres. Il donne ainsi vie aux volumes, créé des reliefs et des profondeurs, jusque là impossible avec l’éclairage à la bougie ou aux chandelles.