Si on ne l'attend pas forcément sur ce terrain, le design est aussi une discipline qui se mêle de politique. Ainsi, le grand prix 2009, le poster non officiel de la campagne de Barack Obama par Shepard Fairey, démontre le pouvoir, la capacité d'influence et d'entraînement que détient le design. Mais les sujets liés à la politique revêtent une grande importance cette année, avec la crise financière. On retrouve ainsi le projet de Kennard Phillipps Cafe of Equivalents$, qui vend aux financiers de la city un bol de soupe pour un prix équivalent à 10% de leur revenu journalier, ce qui représente le même pourcentage que pour les travailleurs des pays en développement, soit £111.20 par repas ! Le journal zimbabwéen en exil Trillion Dollar Campaign, qui dénonce les exactions du régime de Mugabé, est quant à lui imprimé sur des billets de la monnaie nationale qui a une valeur réelle quasiment nulle, et donc moins cher que du papier vierge.
Sur un autre plan politique, le design global permet d'intégrer les soucis de développement durable dans le développement des produits. Témoin, le projet "Beehaus" : alors que les abeilles sont exploitées par les apiculteurs, eux-mêmes engagés par les agriculteurs pour poléniser leurs champs et imposant une cadence contre-nature aux insectes, l'entreprise Omlet a conçu une ruche ergonomique à destination des particuliers, en milieu rural ou urbain, qui permet de maintenir une présence stable d'abeilles réparties sur l'ensemble du territoire. Parfois, plutôt que de lutter directement contre le réchauffement climatique, le design permet aussi de faire passer des messages pour mettre en lumière l'impact de l'homme sur la planète. Le fond WWF a ainsi commandé une œuvre à l'artiste Jason Bruges pour faire prendre conscience aux hommes de leur impact sur la planète. Ce dernier a réuni 100 tirelires en forme de panda, animal-logo du fond, dont se servait le WWF dans les années 1960 et 70 pour récupérer les dons. Cette fois, les animaux se dressent en rangées sur une plate-forme qui détecte les mouvements à proximité et les fait tourner afin de toujours faire face aux visiteur, les grands yeux noirs vides le suivant du regard, comme des reproches muets.
Etienne Bauchet, à Londres
Le 21/08/10