
Dans les rues de Célesteville, tout semble calme et harmonieux. C'est que pour créer ce royaume idéal, Babar a usé de mille soins et fait bien du chemin. Après avoir vu sa mère succomber aux tirs de chasseurs sanguinaires, le jeune éléphanteau fuit la jungle et se réfugie en ville où il passe plusieurs années sous la coupe de la Vieille Dame. Puis, fort de sa nouvelle aura de pachyderme civilisé, il retourne dans la jungle où il se fait élire roi des éléphants. Commence alors une longue aventure au cours de laquelle Babar transforme entièrement les terres qui l'ont vu naître et défriche la jungle pour fonder Célesteville, capitale des éléphants. Dans cette ville qui apparaît dès le troisième album de la saga, tout semble pensé pour le bien-être de chacun : la bonté de Babar, souverain éclairé et juste, transparaît dans l’architecture même de la ville et c'est à peine si, parmi les nombreuses habitations, se distingue le palais qu'il occupe avec sa femme, Céleste. Quant aux demeures des habitants, elles sont réparties autour du palais du travail et du palais des loisirs, bâtiments d'égale importance qui invitent chaque citoyen à participer autant à la vie de la communauté qu'à jouir des plaisirs du spectacle et du sport. De fait, précise la commissaire d'exposition Véronique Soulé, "on a souvent expliqué le succès de Babar par l'atmosphère de fête et de plaisir de l'univers communautaire où il vit, gage de stabilité familiale et de bonheur social, par le fait qu'il n'y a ni violence, ni méchanceté, ni répression mais douceur et tendresse."(1) Une atmosphère délicieuse que la genèse du héros explique sans doute pour beaucoup.
très impliquée dans le monde de la culture et de l'édition, son premier album n'aurait sans doute pas dépassé le cadre familial. Mais son frère Michel et son beau-frère Lucien Vogel ne l'entendent pas de cette oreille. Tous deux éditeurs à la tête de la revue le Jardin des modes, ils prennent en charge la publication du premier album qui paraît à l'hiver 1931. Ainsi débute la double saga des familles Brunhoff et Babar.
Mathieu. Dans les lettres à son père, […] il dit : 'Ça m’est complètement égal, je ne veux pas faire cinquante toiles, moi je veux faire une toile, une vraie toile. […] Je veux être un peintre vraiment.' Il avait une personnalité délicieuse mais parmi les fauves expressionnistes de son époque, sa peinture n'avait pas beaucoup de relief. Avec cette création de Babar […] il a pu s'épanouir complètement."
orne les murs de la salle à manger des enfants du paquebot Normandie ; en 1936, il se voit consacrer une pièce de théâtre ; et, quand le film d’animation se démocratise par le biais de la télévision, une série commence à relater ses aventures. Bientôt, éléphants à bascule, parfum, puzzles, jeux éducatifs, dinettes... Le royaume de Célesteville n'a plus de frontières.


