
LES JARDINS ZEN DE MÉDITATION sont légion au Japon, et particulièrement à Kyoto avec ses quelque 1600 temples bouddhistes. Mais ceux du Tofukuji sont uniques : ils encerclent les quatre côtés du Hojo, disposés aux quatre points cardinaux dont ils portent chacun le nom. L'imposant jardin du Sud est celui qui frappe en premier la vue et l'esprit. Il suffit de tendre l'oreille pour entendre les exclamations spontanées des Japonais : "Sugoi !" ("Génial !") D'immenses pierres reposent là, allongées sur un tapis de graviers blancs tourbillonnants, ratissés avec soin, semblables à des îles dont le rivage ondulerait sous la houle. Puisqu'un jardin zen se veut une représentation miniaturisée de la nature même, l'asymétrie prédomine, détails et éléments se dévoilant au fur et à mesure de la déambulation. Plus à l'ouest se dessinent cinq buttes de mousse, symbolisant les cinq temples sacrés de la secte bouddiste Rinzai, à laquelle le Tofukuji appartient. Le tapis de graviers ratissés çà et là en cercle semble se mouvoir, contrastant avec l'inertie et l'immobilité des pierres couchées. Car chaque composant d'un jardin zen traditionnel représente un élément naturel : les graviers pour l'eau, la mousse pour la terre, les rochers pour des îles, des montagnes - souvent des lieux lointains décrits dans la mythologie bouddhiste - ou des animaux. Shigemori a gardé ces éléments intacts. Il apporte en revanche dynamisme et hauteur en choisissant des pierres de taille imposante qu'il dispose à la verticale, créant une rupture avec les jardins zen traditionnels qui préfèrent de petits rochers horizontaux.
volumes témoignent du savoir acquis et des connaissances approfondies nécessaires au lancement de sa carrière. Cette autodidaxie controversée marque le refus de Shigemori d'imiter un maître ou d'appartenir à une école spécifique, moyen courant et usuel d'apprendre les arts et l'artisanat traditionnels au Japon, et lui apporte le recul indispensable pour renouveler le genre du jardin zen japonais.
manche utilisé pour se purifier les mains et la bouche avant d'entrer dans un temple bouddhiste ou un sanctuaire shinto. Dans les deux hypothèses, on retrouve le profond attachement de Shigemori pour les traditions ancestrales et religieuses.


