
auto-destructeurs de Crevel – Breton l’a d’ailleurs sauvé in extremis d’une pendaison – en passant par l’hystérie collective et le rêve. Ces états psychiques, où s’évanouissent les barrières de la conscience, sont autant de tentatives pour faire remonter à la surface une vérité cachée à caractère oraculaire. Alcool, drogue, errances, privation de sommeil, de nourriture et de sexe, la folie surréaliste est une expérimentation qui soumet chaque instant de la vie du poète à l’accablante "hygiène" du délire. Au risque, Crevel l’avoua lui-même, de simuler cette démence tant recherchée pour ses vertus poétiques.
avec sa propre folie ? – fustige le Surréalisme et en dénonce les maladies mentales. Paul Hilbert incarne alors l’écrivain raté et frustré, mégalomane et, selon le mot de Stendhal, "postéromane". Pour Sartre, le véritable écrivain est ailleurs. Il n’est certainement pas dans la destruction, ni dans l’auto-destruction comme le montre La Chambre, autre nouvelle de l’auteur dont le personnage central, Pierre, prostré dans sa chambre et prisonnier de ses hallucinations, vit en-dehors du monde.
avatar de l’innocence du Christ. La Renaissance permet en effet ce nouveau regard sur la démence dont le point d’orgue reste L’Eloge de la folie (1511) d’Erasme qui signe la mort du Moyen-Age et de l’influence de l’Ancien Testament en instaurant comme précepte philosophique le paradoxe de la folie et de la sagesse. Le chemin de la sagesse passera désormais par la prise de conscience de sa propre démence ; dès lors, celui qui se croit sage est fou. Erasme définit par conséquent la folie comme une source de joie créatrice et d’énergie vitale, stigmatisant les fausses sagesses – en particulier l’ascétisme dont il dénonce la stérilité.
exclusivement d’excès, sans lequel le personnage perd toute capacité créatrice, si bien que cette suralimentation cérébrale "crève", selon le mot utilisé par le narrateur, le front de Louis Lambert. Toutefois, celui-ci est bien conscient que, sans ce danger de destruction, "les audacieuses constructions que [s]a folle imagination [lui] conseille d’entreprendre" perdraient immédiatement leur caractère extraordinaire.
faisant place nette à l’ordre d’une nouvelle réalité. Le démiurge est donc intrinsèquement lié, par sa folie, au fossoyeur.


