
importe l'identité des employés, après tout, pourvu qu'ils travaillent vite et bien et permettent à d'autres de s'enrichir. L'étudiante, qui semblait auparavant si indifférente au peintre, ne songeant pas même à lui offrir un verre d'eau, change radicalement de comportement : coûte que coûte, elle doit retrouver son identité.
kilomètres. Ici, dans une même ville, dans un même appartement, les hommes se côtoient et s'ignorent. La quête de Charu permet aussi de brosser le portrait d'une société vampirisée par le capitalisme, où il est désormais vital de compter son temps et où la productivité et la rentabilité ont pris le pas sur l'être.
PEU À PEU, c'est l'imagerie carcérale qui s'impose. L'objectif de la caméra est très fréquemment bouché par un grillage : celui de la cage de l'ascenseur dans laquelle se précipite Charu pour trouver de l'aide afin de sauver l'employé qui vient d'avoir un malaise, ou bien celui de la fenêtre du train qu'elle emprunte pour se lancer dans sa quête d'identité. La vue y est barrée, comme s'il fallait comprendre qu'il n'y a pas d'échappatoire, pas d'espoir. Une violence qui se fait entendre aussi lorsque les dialogues finissent même par se tarir après s'être mélangés dans une inaudible cacophonie, lors de la fête organisée dans l'appartement de Charu. La femme n'adresse plus la parole à personne, et les autres ne semblent plus la voir. Elle avance au milieu de la foule, muette, invisible, inconnue parmi les inconnus.


