Troyennes, Les morts se moquent des beaux enterrements Théâtre 13/Seine, Paris Du 4 novembre au 14 décembre 2014
– En deux mots
Trois femmes, trois troyennes, survivantes au milieu des cendres de l’antique cité de Priam dont le sort est déterminé par les vainqueurs de la guerre. Au milieu des souvenirs de leurs défunts frères, fils et époux, elles refusent d’oublier, ne se soumettant que de corps et non d’esprit à leurs geôliers. Adaptant la célèbre tragédie d’Euripide en une mise en scène moderne, aux décors épurés et à la parole claire et percutante, Laëticia Guédon et Kevin Keiss interrogent ce qu’il reste d’une vie condamnée à disparaître. A travers ce poème élégiaque où résonnent les plaintes des troyennes, c’est la question de la capacité à vivre, et à survivre, qui se pose. Comment faire subsister une mémoire et une civilisation condamnées ?
La pièce se déroule en une succession de tableaux plus qu’une intrigue linéaire, révélant tour à tour le destin de Cassandre – prêtresse d’Apollon –, Andromaque – femme d’Hector –, et Hécube – reine déchue de Troie. Placé dans le camp des vaincus, le spectateur assiste ainsi aux dernières heures de ces veuves, hier reines et princesses, à présent réduites au rôle d’esclaves. La fatalité tragique et le pathos suintent de l’ensemble de la scène où coulent les larmes intarissables et résonnent les thrènes d’Hécube.
La création musicale renforce la tension dramatique et l’atmosphère pesante qui règne. Hécube représente le point de convergence rassemblant ses filles éplorées, Cassandre qui incarne les lois divines transgressées et Andromaque qui conçoit la survie de la mémoire de son mari dans son fils Télémaque. Mais face à l’acharnement des Grecs sur les vaincus, présentés comme l’incarnation de l’inhumanité et du vice, c’est la question de la cruauté que ce texte pose. Dès lors, la mise en scène moderne de ce mythe, composante de notre imaginaire collectif, fait surgir en nous des interrogations essentielles et universelles, telles que les obsessions du souvenir et de la subsistance de notre identité.
Troyennes, Les morts se moquent des beaux enterrements de Kevin Keiss d'après Euripide Mise en scène Laëtitia Guédon Avec Blade, Mounya Boudiaf, Kevin Keiss, Adrien Michaux, Pierre Mignard, Marie Payen, Valentine Vittoz et Lou Wenzel Théâtre 13/Seine 30 rue du Chevaleret, 75013 Paris Mardi, jeudi et samedi à 19h30, mercredi et vendredi à 20h30, dimanche à 15h30 Tarifs : 24€/tarif réduit : 16€, 11€ et 6€/le 13 de chaque mois : 13€ Rens. : 01 45 88 62 22