Jusqu’au 26 août, Marion Dubier-Clark expose ses photographies, souvenirs du Japon, à la galerie Patrick Gutknecht, galerie parisienne ouverte après celle de Genève. Après avoir proposé sa vision des Etats-Unis, de New York à la Nouvelle Orléans et de San Francisco à Los Angeles, c’est l’univers nippon qui devient sa source d’inspiration. Elle abandonne le film Polaroid SX 70 pour le Fuji numérique et nous emmène de Tokyo à Kyoto en passant par Naoshima ou encore Takayama.
L’œil de Marion Dubier-Clark cherche sans cesse à offrir des détails et des moments de vie, au plus près des gens, de la nature, des objets et de l’architecture. Tout se complète et s’oppose à la fois dans un jeu de lignes droites horizontales, verticales et diagonales. Tout se mélange avec élégance et sérénité. Les gros plans et les lignes droites nous plongent dans un univers aux limites de l’abstraction. Le paradoxe intrigue : nous sommes à la fois immergés dans le Japon et invités à regarder ce qu’il y a d’universel dans la nature, l’architecture ou les figures proposées. Le référent réel semble parfois disparaître pour accéder à une vérité plus générale, universelle. Chaque image renvoie à l’univers culturel nippon et au chemin parcouru par la photographe au cours de son voyage. Elle raconte son expérience, son exploration d’un pays à la fois connu et inconnu comme pour réévaluer l’ensemble de ses idées et des nôtres. C’est un voyage physique mais aussi intellectuel, à la manière d’un parcours spirituel. L’homme est présent mais il est un individu à la fois commun et rendu unique : une mariée aperçue furtivement derrière un tissu, une femme âgée marchant dans la rue, un homme peut-être décidé à faire demi-tour avec sa valise, deux femmes qui s’éloignent dans un jardin. On peut même observer un manteau jaune – « Yellow coat » est le titre de la photographie – qui devient signe de l’obsession pour le détail et finit par instrumentaliser la jeune femme qui marche, la transformant en un simple mannequin.
Comme le souligne les sonorités du titre « From Tokyo to Kyoto », une ville japonaise reflète une autre ville japonaise pour en être une image semblable ou contraire. C’est notre esprit qui fait le chemin, nous rappelant que chaque ville est le reflet d’une autre et que chaque culture, qui nous semble étrangère, est en réalité un reflet de nous-mêmes. C’est un pas de plus à la fois vers l’autre et vers soi qui finit par transformer une culture étrangère en une culture familière.