L`Intermède

tommy stockel art of tomorrow arnolfini futurology bristol grande-bretagneTommy Stockel, le futur en kaléidoscope
A Bristol, en Grande-Bretagne, l'artiste danois s'interroge sur l'avenir de son art.

C'est en suivant le fil de l'eau, le long des docks de Bristol, que l'on arrive à l'entrée discrète du centre d'art contemporain Arnolfini. Tout de briques vêtu, cet espace public laisse respirer des murs blancs, desquels se détachent les expositions temporaires qui prennent forme. Car cet été, au rez-de-chaussée, entre deux cloisons, ce sont bien des métamorphoses qui ont lieu. Celles de formes géométriques multi-facettes qui, organisées en cercles étoilés, tapissent le sol de béton. Bienvenue dans le futur du danois Tommy Stockel. Ou, plus exactement, les futurs.


Dans le cadre du projet Futurology, du nom de cette science inexacte qui se penche sur les scénarios possibles de l'avenir, des films sont projetés, des conférences et débats sont organisés, et plusieurs artistes sont invités par le musée à explorer leur rapport au futur. Tommy Stockel, 37 ans, a pris cette proposition au mot, présentant, avec son installation Art of tomorrow, de multiples variations possibles de son art. Il envisage ainsi ce à quoi ses oeuvres pourraient, dans 20, 30 ou 40 ans, ressembler.

tommy stockel art of tomorrow arnolfini futurology bristol grande-bretagneAu centre de la pièce, une sculpture de papier formée de cônes et triangles noirs. Seul objet monté sur une gaine, il symbolise le présent de l'oeuvre de Stockel, duquel découlent trois évolutions possibles, comme autant de destinées, mais non exhaustives. De cette pièce centrale, donc, les propositions éclatent elles aussi en fractale. Elles peuvent aller d'un côté vers la couleur, se resserant autour du noir qui, à son tour, offre le spectre des couleurs de la lumière, ou d'un autre vers une simplification de la forme, n'offrant plus que six côtés, sur lesquels apparaissent d'autres formes, d'autres couleurs. Et ainsi de suite, avec plusieurs centaines de sculptures faites à la main.

Chaque galaxie est engendrée par celles qui l'entourent, comme dans un kaléidoscope géant de l'évolution. Au centre de chacune, une grande forme-thème qui tisse le lien entre toutes les variations qui l'entourent, elles-mêmes donnant naissance à d'autres formes qui, au fur et à mesure que l'on s'éloigne du coeur, s'amenuisent, avant de reprendre (peut-être) forme. Ainsi, trois grands types de possibles sont interrogés : et si Stockel construisait des immeubles ? Et s'il abandonnait les matières manufacturées pour ne plus utiliser que des feuilles et des brindilles ? Et s'il revenait à son amour de l'op art, créant des oeuvres rétro-futuristes ?

Toutes ces spéculations prennent vie sous les yeux du public, qui cherche les correspondances, imagine lui-même d'autres évolutions, tourne autour, change de perspective pour mieux apprécier les différentes facettes qui se déploient. La richesse d'un tel travail, comme une pellicule de film dont les 24 images seconde seraient ciselées chacunes en trois dimensions, est tourbillonante. D'autant plus que ces futurs possibles, sans être sûr de leur accomplissement, se retrouvent soudain en un même espace, en un même temps.

Bartholomé Girard, à Bristol
Le 29/07/2009


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Art of tomorrow, jusqu'au 31 août 2009 Centre Arnolfini
16 Narrow Quay, Bristol BS 1 4QA

Mar-dim 10h-16h
Entrée libre
Rens. : 0044 117 917 2300 / 01

 

 

 

 

 

 

 

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Crédits photographiques :
Photo 1 : Carl Newland
Photo 2 : Bartholomé Girard
Photo 3 : Étienne Bauchet