L`Intermède
Fragments de mensonges inutiles de Pierre Tremblay, pièce de théâtre, dramaturge québécois, montréal duceppeC(h)oeurs
"On joue Québecois", prévient l'affiche de la Place des Arts à Montréal. Le théâtre Jean Duceppe présente cette saison cinq pièces d'écrivains québecois, et commence ce cycle par Fragments de Mensonges inutiles de Michel Tremblay, en première mondiale jusqu'au 17 octobre.

Pendant que les spectateurs s'installent dans la salle, des vêtements d'homme, jetés sur le carrelage noir et blanc, attendent dans la lumière. Noir complet. Des murmures se font entendre, et lorsque la scène se rallume, les deux jeunes hommes sont là, assis sur le sol, nus, enlacés. Jean-Marc vit en 1959, Manu en 2009. Et pourtant, ils s'aiment.

Solo, duo et quatuor s’enchaînent, confrontant chaque personnage aux autres et à lui-même. Tout est divisé, pour être mieux réuni. Mur blanc sur lequel trône un crucifix, mur noir de l’époque contemporaine, mais l’espace de la scène reste le même pour tou
s. Les mots s’y enchevêtrent pour dire le désarroi, l’angoisse et l’amour. Jean-Marc, dans les années 1950, doit faire face à ses parents qui ne savent pas comment réagir lorsque l’aumônier leur apprend l’homosexualité de leur fils. Manu, de son côté, est confronté à un psychologue et à des parents compréhensifs mais eux aussi finalement dépassés.

Ce texte de l’auteur québecois, célèbre notamment pour ses Chroniques du Plateau Mont-Royal, interroge le rapport à l’homosexualité dans la société québecoise hier et aujourd’hui, en soulignant les difficultés de deux adolescents face à leurs parents. Le va-et-vient entre les époques forme un sFragments de mensonges inutiles de Pierre Tremblay, pièce de théâtre, dramaturge québécois, montréal duceppeeul et unique temps. "Plus ça change, plus c’est pareil, voilà d’où est partie l’idée de Fragments de Mensonges inutiles", écrit Michel Tremblay. Serge Denoncourt en propose une mise en scène précise et pertinente : dans un décor dépouillé en forme d’échiquier, chaque mouvement des acteurs semble dessiner un ballet des personnages, où chacun se positionne par rapport à l’autre pour mieux s’appréhender lui-même. Si Gabriel Lessard et Olivier Morin interprètent ces deux adolescents avec une grande profondeur, mais aussi un naturel et une fraîcheur surprenants, Normand d’Amour et Maude Guérin, qui tiennent  le rôle des parents de Jean-Marc, sont également remarquables d’intensité et de justesse.

Michel Tremblay, propose ici, dans sa ville, à Montréal, un texte virtuose et émouvant, où s’entremêlent les voix dans des jeux de polyphonie étonnants. Deux conversations peuvent avoir lieu simultanément, il arrive même que les acteurs parlent en même temps. Mais grâce à l’écriture maîtrisée de Michel Tremblay, le spectateur ne se perd jamais complètement. Simplement faire l’effort d’écouter, de prêter attention. Et l’émotion est là.
 
Claire Cornillon, à Montréal
Le 27/09/09

Fragments de mensonges inutiles de Pierre Tremblay, pièce de théâtre, dramaturge québécois, montréal duceppe
Fragments de Mensonges inutiles
, jusqu'au 17 octobre

Une pièce de Michel Tremblay
Mise en scène Serge Denoncourt
Avec Gabriel Lessard, Olivier Morin…
Théâtre Jean Duceppe
Place des Arts Montréal, Québec, Canada
Puis en tournée au Québec du 24 Octobre au 12 Décembre 2009









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Légendes
1 Normand d'Amour, Olivier Morin, Antoine Durand, Gabriel Lessard
2 Gabriel Lessard et Olivier Morin
3 Roger Larue, Normand d'Amour, Maude Guérin, Olivier Morin, Gabriel Lessard, Linda Sorgini, Antoine Durand, Gabriel Sabourin
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Crédits photographiques: François Brunelle