L`Intermède
Marina and the diamonds brut de popMarina & the Diamonds, brut de pop
Du haut de ses 24 ans, la chanteuse américaine signe un premier album soigné.

On la devine joufflue, dès les premières notes. Sa bouche doit être grande ouverte, pour laisser passer les graves pleins de rondeurs et les aigus du fond de la gorge, déployée elle aussi plus que de raison. Derrière un micro, Marina prend les octaves pour des montagnes russes, et entonne chaque air sans perdre une goutte de son énergie. Son premier album, qu'elle sort sous le nom de code Marina & the diamonds – les diamants du titre ne désignent pourtant pas ses musiciens, mais le public, d'après l'intéressée –, devrait bientôt sortir en France. En attendant, on peut entendre ça et là, sur la toile, quelques unes de ses sucreries trempées d'amertume.

On l'imagine gourmande, cette Américaine qui enfonce la porte de la pop les deux pieds en avant, armée d'une poignée de morceaux entêtants. Avec leur rythme binaire saccadé, ils semblent avoir été enregistrés pour accompagner des marches. Tambours battants, choeurs tonitruants, l'enthousiasme et la vitalité de Marina & the diamonds débordent à chaque instant.

On est sûr qu'elle sourit quand elle chante, même quand les morceaux se font plus graves – comme Obsessions et I am not a robot, ses deux premiers singles. Et aussi qu'elle rit entre deux enregistrements de Girls girls girls, Mowgli's road ou The shampain sleeper, les titres les plus entraînants de l'album. Au détour d'un couplet, la voix de Marina prend même des allures de cantatrice versant Castafiore : exagérée, mais pourtant pleine de justesse. C'est qu'il faut autant de caractère que de finesse pour parler avec une telle légèreté de sujets qui n'en ont pas – la solitude revient, ainsi, comme un leitmotiv. Et beaucoup d'humour, sur soi et les autres.
Marina and the diamonds brut de pop

On aime à penser qu'elle dodeline sur scène, emmenant le public dans son bazar de paillettes et pierres précieuses, laissant des reflets multicolores inonder les murs. Dans une vie antérieure, Marina a dû être une boule à facettes géante.

Bartholomé Girard
Le 10/08/09