L`Intermède
Exposition : Yayoi Kusama au Centre Pompidou, à Paris, jusqu`au 9 janvier 2012.

OBSÉDÉE PAR LES POIS, elle a fait le choix de vivre dans une institution psychiatrique où elle se consacre entièrement à son art. Peintures, sculptures, installations, performances : la sublimation du mal de la Japonaise Yayoi Kusama emprunte toutes les voies possibles. Jusqu’au 9 janvier, le centre Pompidou accueille la première rétrospective en France de cette artiste (mono)maniaque.

Par Grégory Le Floc'h


ET SOUDAIN, de petits rires viennent rompre le Yayoi Kusama, centre Pompidou, Beaubourg, Japon, artiste japonaise, point, pois, exposition, Paris, interview, biographie, portrait, rencontre, infinity, dot, dots, obliteration, kusama, rétrospectivesilence du musée. Par une ouverture dans le mur, une poignée de visiteurs s'évadent, amusés. Pas de porte, pas de rideau, et pourtant le regard peine à distinguer quoique ce soit. Il faut s'approcher, très près, et arriver au seuil pour commencer à apprivoiser les formes et les lumières du nouvel espace qui se dessine. Les pas sont hésitants, de peur de se heurter à un mur ou à un autre visiteur tant la profusion des miroirs autour de soi, par la démultiplication des formes et l'évanouissement des frontières qu'elle produit, condamne au tâtonnement et à l'errance le spectateur devenu acteur malgré lui. L'embarras n'a cependant rien d'anxiogène tant l'expérience ressuscite les plaisirs ressentis dans un palais des glaces de fête foraine. Les sculptures arrondies rouges pop et les gros pois blancs couvrant sols, murs et plafond qui se sont installées au Centre Pompidou pour cette exposion consacrée à l'artiste Yayoi Kusama achèvent de créer une atmosphère euphorisante, psychédélique et survitaminée qui incite à se saisir de l'oeuvre de manière ludique. On joue donc à tester les limites - ou plutôt l'absence de limite - de la pièce kaléidoscopique ; on s'amuse de cette sensation d'infini dans laquelle l'installation nous immerge ; on sourit aux dizaines de répliques de soi reflétées et agitées au gré de cette machine optique, dans une ronde malhabile, baroque et malicieuse.


Au commencement était le point

ET POURTANT, l'Infinity Mirrored Room (1998) concrétise toutes les obsessions et les peurs qui terrassent Yayoi Kusama depuis son enfance. Hantée par le désir de s'anéantir mais aussi par la peur de disparaître, elle entraîne le visiteur dans sa propre chambre mentale afin qu'il accomplisse à son tour ce à quoi elle l'exhortait dans le texte du flyer annonçant la performance Anatomic Explosion à New-York, en 1968 : "Devenez une partie de l’environnement. Oubliez-vous. L'autodestruction est la seule issue." A l'origine de cette boîte à miroirs d’apparence si ludique : une volonté d'anéantissement de soi et des
autre. C'est là tout le paradoxe d'une production artistique aux formes et couleurs pop électrisantes - réminiscence exaltée de 1968 annonçant les mangas des années 1980 - mais façonnée par une obsession de mort et de désagrégation. Si l'expérience seule de cette Infinity Room peut faire oublier qu'un parfum Yayoi Kusama, centre Pompidou, Beaubourg, Japon, artiste japonaise, point, pois, exposition, Paris, interview, biographie, portrait, rencontre, infinity, dot, dots, obliteration, kusama, rétrospectivede mort émane de chaque création de Kusama, l'enjeu de cette rétrospective est de redonner un sens et une cohérence originels à cette oeuvre monumentale née au lendemain d'Hiroshima et semée de petits cailloux blancs - les "dots" - que le visiteur devra patiemment récolter pour découvrir les infinis réseaux de sens que Kusama a su tisser entre toutes ses créations artistiques.

DES PEINTURES APOCALYPTIQUES de ses débuts aux happenings dénudés et libertaires de 1968 en passant par les monochromes blancs de 1959, les innombrables Infinity Rooms et les sculptures tentaculaires des années 2000, la Japonaise est passée par tous les styles. L'art, envisagé dans sa totalité et multidimensionnalité, traverse tous les supports - peinture, sculpture, collage, photographie, environnement, performance et vidéo - ôtant ainsi à la forme son critère de cohérence. Les séries se suivent et ne se ressemblent
pas, au rythme d'apparentes brisures esthétiques. Et pourtant, la récurrence obsédante du "dot" dans chaque pièce traduit une continuité et un début de réflexion. Gros ou petit, coloré ou non, austère ou exalté, le dot, colonne vertébrale de l'oeuvre de Kusama, est le support d'une interrogation esthétique et éthique de plus de cinquante ans, comme le montre la rétrospective du centre Pompidou : les dots psychédéliques et colorés dont Kusama recouvraient le corps nus des participants à ses performances ou dont elle recouvre encore les parois de ses boites à miroirs ont pour oeuvre matricielle un autoportrait de 1950, sombre et funèbre, représentant un seul point, livide. 1950 : la date est cruciale car c'est au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, alors que le Japon est foudroyé par le traumatisme d'Hiroshima, qu'apparait ce motif originel.


Vide et plein

D
ÉCOUVRANT L'AVANT-GARDE JAPONAISE, Kusama pénètre un univers dévasté dont les productions sont saturées par le thème de l’anéantissement. Le point est alors la première forme visible par laquelle cette jeune femme de 21 ans traduit le sentiment de déperdition et de dissolution de son être dans un infini cosmique. Tout au long de sa vie, Kusama reproduit ce geste annihilateur, cristallisant Yayoi Kusama, centre Pompidou, Beaubourg, Japon, artiste japonaise, point, pois, exposition, Paris, interview, biographie, portrait, rencontre, infinity, dot, dots, obliteration, kusama, rétrospectivetoutes ses obsessions. Supports de ses folies, les "dots" font l'objet d’une véritable mythification qui réactive sans cesse ce souvenir d'enfance, expérience primitive au cours de laquelle l'enfant hallucinée, assise à la table de la cuisine, voit le monde se couvrir de points : "Un jour, après avoir vu, sur la table, la nappe au motif de fleurettes rouges, j'ai porté mon regard au plafond. Là, partout, sur la surface de la vitre comme sur celle de la poutre, s'étendaient les formes des fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout l'univers en seront pleins ; moi-même, je m'acheminerai vers l’auto-anéantissement, vers un retour, vers une réduction, dans l'absolu de l'espace et dans l'infini d'un temps éternel."

C'EST AINSI QUE LE DOT, peu importe la forme qu'il prenne, du plus lugubre au plus pop, réalise cette
prophétie vécue dans l'enfance. Les monochromes, de la série Infinity Nets, ne sont pas, comme d'autres monochromes des années cinquante, le symptôme angoissant d'une crise de la notion de tableau. Au contraire, le vide de la toile se remplit d'un monde en mouvement qui se tord et se distord au gré des gonflements et des contractions des vagues de dots balayant le monochrome, qui n'a alors plus rien de monolithique. La taille des toiles étant monumentale – jusqu'à dix mètres de long −, leur exposition annonce les Infinity Rooms par leur capacité à interroger la place du spectateur dans le cosmos. Avec les Infinity Nets, le point devient le début d'une réflexion ontologique : "J'avais en moi le désir de mesurer de façon prophétique l'infini de l'univers incommensurable à partir de ma position, en montrant l'accumulation de particules dans mes mailles d'un filet où les pois seraient traités comme autant de négatifs. […] C'est en pressentant cela que je puis me rendre compte de ce qu'est ma vie, qui est un pois. Ma vie, c'est-à-dire un point au milieu de ces millions de particules que sont les pois."

SI, AVEC LES INFINITY NETS, le dot est support d’une simple constatation, il devient, à partir de 1966, avec le concept de "self-obliteration", l'instrument d'un processus d'autodestruction. Recouvrant de points les arbres, les murs, les chevaux, les chaises et même les hommes, Kusama tend à neutraliser le caractère distinctif de chaque chose, effaçant les différences entre animé et inanimé. Plus rien ne se distingue, le corps de Kusama et celui de
Yayoi Kusama, centre Pompidou, Beaubourg, Japon, artiste japonaise, point, pois, exposition, Paris, interview, biographie, portrait, rencontre, infinity, dot, dots, obliteration, kusama, rétrospectiveses amis se fondent dans un monde grêlé. Photographiée, une tasse de thé à la main près d'une chaise et d'un sac, sur fond blanc, le tout moucheté de gros pois noirs, Kusama, ainsi oblitérée, devient semblable aux objets alentours. Disparue, devenue décor au même titre qu'un arbre, elle parvient à s'annuler, à s'absenter du monde.


Exorciser ses peurs

S'IL EST UNE ARTISTE pour qui le concept de sublimation freudienne s'impose de façon évidente, c'est bien celle qui a su canaliser l'énergie des obsessions et des terreurs qui la travaillent depuis l'enfance en une création artistique abondante. La folie fait pleinement partie de la vie de celle qui a décidé de son plein gré en 1977 d'être internée dans un institut psychiatrique - où elle demeure encore aujourd'hui -, réalisant une création chaque jour. L'obsession gouverne une pratique artistique qui la pousse à répéter inlassablement des pièces selon un principe sériel. Succèdent à la série des monochromes la série des Accumulations puis celle de la Self-obliteration jusqu'à celle, toujours en cours, entamée en 2009, dans laquelle l'artiste, avec un certain automatisme, compose des toiles fixant, dans un étonnant et réjouissant fouillis de formes très proches de l'idéogramme ou du hiéroglyphe, des hallucinations et des états d'esprit chaotiques, foisonnants et créatifs. La répétition du geste et, par conséquent, d'une forme esthétique, devient une dynamique autistique par laquelle Kusama se libère des psychoses qui l'oppressent.

DANS LE FILM Kusama’s self obliteration (1968), elle dispose avec minutie et précision sur le corps d'un jeune homme nu puis sur la surface d'un rocher des centaines de dots selon une règle apparemment connue d'elle seule, un art caché, mystérieux, transcendant le hasard du geste en un rituel quasi magique. Comme une prêtresse païenne. Sous un haut chapeau pointu constellé, ses longs cheveux noirs, qui encadrent un visage inspiré, exalté, retombent sur une large et majestueuse cape - de magicienne ? La mécanique du rituel s'impose alors dans toute sa pratique artistique comme dans la série des Accumulations : "Après avoir enlevé les draps dans lesquels je dors, je fais pleins de sexes masculins avec le tissu des draps que je couds à la machine, ensuite, je les remplis de coton, j’en fais des tonnes du matin au soir et je les entasse dans ma chambre comme une montagne ; enfin, je les colle sur ma table, sur les chaises, la glacière, le lit, partout, sans m'arrêter." Celle qui portera le surnom de "Phallic girl",
Yayoi Kusama, centre Pompidou, Beaubourg, Japon, artiste japonaise, point, pois, exposition, Paris, interview, biographie, portrait, rencontre, infinity, dot, dots, obliteration, kusama, rétrospectiveterrorisée par le corps masculin, exorcise cette peur par sa mise en forme, sa mise en art. Les meubles, les vêtements, les valises, les chaussures et même un bateau se hérissent alors de phallus rabougris, tordus comme autant de champignons pullulant à la surface du monde. Le vide se remplit et étouffe, les valises s'ouvrent et débordent de phallus grouillant comme des vers de terre.

PAR L'ACCUMULATION, c'est aussi l'angoisse du vide cosmique et existentiel, celle initiée avec la série précédente des monochromes, qui est combattue : "Cela finit par immobiliser mon propre espace et mon propre temps." On pourrait croire alors que l'exorcisation de ses peurs prend systématiquement - et délibérément - la forme d'un coup de griffe provocant aux sages mœurs de l'Amérique des années 1960. Les phallus en tissu, la nudité des participants à ses performances et les orgies filmées dans les Infinity Rooms sont autant d'éléments qui ont participé à l'élaboration de la réputation sulfureuse de Kusama. Et pourtant, ce qui choque d'un côté du Pacifique n'est que réminiscences artistiques d'un héritage culturel et religieux japonais. Les phallus de tissu blanc imitent ceux du dieu Jizo, disséminés partout au Japon entre villes et campagnes, comme autant de bornes sacrées. La nudité de Kusama et de ses amis lors de happenings réactualise la performance nue de la déesse Uzume qui, par une danse érotique, a ramené la lumière sur terre. La pratique créatrice visant à apaiser des angoisses existentielles ressuscite une mémoire ancestrale et la façon dont le processus de sublimation opère un retour aux sources civilisationnelles. Le monde moderne, tel que le vit Kusama, ne peut lui apporter la sérénité recherchée : "Je me rends compte que je suis lancée dans un environnement uniforme, bizarrement envahi par les machines et que je suis soumise à une norme. C'est dans l'Amérique et surtout à New-York que je sens cela très fort. Beaucoup de problèmes qui se rapportent au corps, à l'esprit, se trouvent dans l'interstice qui sépare l'être humain et l'étrange jungle de la civilisation."



Kusama Superstar

TOUTEFOIS, YAYOI KUSAMA est bien Yayoi Kusama, centre Pompidou, Beaubourg, Japon, artiste japonaise, point, pois, exposition, Paris, interview, biographie, portrait, rencontre, infinity, dot, dots, obliteration, kusama, rétrospectiveconsciente du caractère scabreux que certains prêtent à son travail. A l'heure où l'Amérique voit émerger le féminisme et la libération des mœurs, elle s'empare donc de la nudité comme d'un instrument politique pour éveiller les mentalités et opérer ce qu'elle appelle un "remue-ménage". Son combat féministe ira même jusqu'à proposer en 1968 un Fashion show dont les créations libèrent les attributs sexuels du carcan du vêtement. Kusama aménage des fentes, des ouvertures à travers lesquelles apparaissent les seins et le sexe des mannequins dont elle fait systématiquement partie. Les photographies qui présentent ce show la montrent en effet toujours au premier plan. Elle occupe aussi la première place lors des happenings contestataires comme l'Anti Vietnam war happening. Kusama conçoit son corps et son image comme un support artistique, un instrument de dénonciation mais aussi un outil de communication - au risque d'une apparente contradiction : les photographies et les collages de la série Self-obliteration présentent une perpétuelle mise en scène de celle qui voulait, plus jeune, s'effacer du monde.

CAR SI LE TERME d' "oblitération" désigne à la fois l'effacement et la disparition, il est un écho au fait d'apposer une marque ou une empreinte. Le "dot" incarne l'essence de cette équivoque : utilisé pour effacer les êtres et le monde, il devient aussi le moyen d'une fragmentation et, de facto, d'une omniprésence. Chaque pois, tout en participant à l'annulation de Kusama, l'inscrit paradoxalement un peu plus dans l'univers. Le dot étant avant tout la forme initiale de son autoportrait, il opère ce tour de force de "la présence d’une absence", selon le mot de Gérard Wajcman, coauteur du catalogue de l'exposition. Yayoi Kusama sera donc celle qui viendra toujours dire son effacement, à travers d'innombrables autoportraits la représentant fondue dans le décor qui feront sa célébrité. Devenue médiatique, les dissonances au sein de son art s'aggravent. Les obsessions de l'artiste sont alors savamment ordonnées sous la forme d'un storytelling. L'apparition de pois dans la cuisine lors de son enfance, épisode fondamental, est devenue la genèse d'un récit légendaire, alimentée par les médias et l'artiste elle-même, au service de sa renommée.  Selon Wajcman, la folie de Kusama "historicisée, quasi héroïsée […] trace un cadre, une place pour l’œuvre". Entre médiatisation et choix artistiques, la folie de Kusama est aussi ambigüe que ce "dot" qui, depuis les années 2000, en plus d'être une signature
artistique reconnaissable, semble devenir une marque commerciale exploitant des produits dérivés comme des téléphones portables Yayoi Kusama, centre Pompidou, Beaubourg, Japon, artiste japonaise, point, pois, exposition, Paris, interview, biographie, portrait, rencontre, infinity, dot, dots, obliteration, kusama, rétrospectiveToshiba à gros pois rouge signés Kusama. Une autre forme de dissolution de soi, en étant partout pour mieux être nulle part.
 
G. Le F.
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à Paris, le 06/12/2011


Yayoi Kusama
Jusqu'au 9 janvier 2012
Centre Pompidou
Place Centre Pompidou 75001 Paris
Tlj 11h-21h
Tarif plein : 12 € (ou 10 € selon période)
Tarif réduit : 9 € (ou 8 € selon période)
Rens. : 01 44 78 12 33


 



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Crédits et légendes photos
Vignette sur la page d'accueil & 14 :
KUSAMA, Centre Pompidou, crédit photo P. Migeat, 2011
Photo 1 KUSAMA, Centre Pompidou, crédit photo P. Migeat, 2011
Photo 2 nfinity nets yellow, 1960 Jaune, Réseaux d’Infini Huile sur toile, 240 x 294,6 cm Coll. National Gallery of Art, Washington ©National Gallery of Art, Washington
Photo 3 no. n2, 1961 Huile sur toile, 125 x 178 cm Coll. Mme Sachie Gocho Courtesy Yayoi Kusama Studio, Tokyo
Photo 4 no. 19 H.s.W., 1956 Pastel et gouache sur papier 59,7 x 45,7 cm MoMA, New York ©MoMA, New York/Scala, Florence
Photo 5 Accumulation no. 1, 1962 Fauteuil, tissu cousu et rembourré, peinture 121,9 x 121,9 x 121,9 cm Coll. Beatrice et Hart Perry, New York Ph. Rudolph Burkhardt
Photo 6 my flower Bed, 1962 mon lit-fleur Ressorts de lit et gants de coton peints, 250 x 250 x 250 cm Centre Georges Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris Yayoi Kusama allongée sur l’œuvre dans son atelier de New York, v. 1965
Photo 7 yayoi Kusama à l’intérieur de l’installation Infinity mirror Room – Phalli’s field, « floor show », castellane Gallery, new york, 1965 Ph. Courtesy Yayoi Kusama Studio, Tokyo
Photo 8 Anatomic explosion-Anti-War Happening, 1968 Pont de Brooklyn, New York Courtesy Yayoi Kusama Studio, Tokyo
Photo 9 love Arrives at the earth carrying With a tale of the cosmos, 2009 l’Amour Arrive sur terre en Portant le Récit du cosmos Acrylique sur toile, 130,3 x 162 cm. Coll. de l’artiste Ph. Norihiro Ueno
Photo 10 eyes of mine, 2010 yeux des miens Acrylique sur toile, 194 x 194 cm Coll. de l’artiste Courtesy Yayoi Kusama Studio, Tokyo
Photo 11 KUSAMA, Centre Pompidou, crédit photo P. Migeat, 2011
Photo 12 KUSAMA, Centre Pompidou, crédit photo P. Migeat, 2011
Photo 13 KUSAMA, Centre Pompidou, crédit photo P. Migeat, 2011
Photo 15 KUSAMA, Centre Pompidou, crédit photo P. Migeat, 2011