L`Intermède
Mucsarnok / Kunsthalle Markus Schinwald Pocket history Histoire de poche corps Budapest HongrieDistorsion des corps
Au Palais des Arts de Budapest, Markus Schinwald présente jusqu’au 8 Novembre Histoire de poche, une série d’installations étranges et étonnantes autour du thème de l’homme et du corps.

De même que le bâtiment de style néorenaissance qui abrite la salle d’exposition consacrée aux arts plastiques contemporains rappelle l’architecture d’une basilique chrétienne, l’exposition de Markus Schinwald, artiste autrichien né à Salzbourg en 1973, revisite un autre culte fondamental, celui du corps humain. Dans les nefs du Kunsthalle budapestois, les corps qui communiquent et vivent leur vie, placés dans un univers halluciné, sont bouleversés par des transformations et par une dégénération dont Schinwald est le metteur en scène.

Dans la première salle, seule une marionette assise, Hans, nous accueille. Elle est en train d’avaler une bande de papier sur laquelle est écrit "NEVER". L’homme, comme perpetuum mobile, constitue la porte d’entrée d’une exposition dont la structure a des allures théâtrales. Derrière Hans, Schinwald modifie l’espace géant de la salle : sur l’axe principal, il place un mur qui clôt quelques passages entre les salles. Le mur installé sert aussi à présenter les œuvres de l’exposition. Cette "ligne” d’objets d’art ressemble à une collection de souvenirs personnels ou aux "Wunderkammer", les cabinets de curiosités du XIXe siècle.

Les trésors à la fois quotidiens et étranges que l'exposition recèle sont autant des portraits d'apparence réalistes, des fragments de meubles découpés, des chaussures difformes, une chemise encadrée, des photos montrant des personnes dans des postures tordues et des rideaux rouges de théâtre. Mais à y regarder de plus près, tout ce qui a l’air ordinaire au premier abord est en réalité détourné de sa fonction originelle, loin de l’ordre habituel des choses. Les individus sur les portraits portent des marques sur la peau, certaines parties de leur corps sont couvertes ou extrêmement agrandies. Ainsi, les petits bourgeois représentés deviennent des êtres surréels, cauchemardesques, un peu à la manière d'un Magritte. La technique de Schinwald s’inscrit bien dans cette démarche : l'artiste peint et grave des éléments non-conventionnels sur des tableaux anciens, classiques.

Mucsarnok / Kunsthalle Markus Schinwald Pocket history Histoire de poche corps Budapest Hongrie Puis, par l’intermédiaire d’une armoire, on traverse le mur des installations pour continuer de l’autre côté la promenade, qui prend des atours terrifiants. Ainsi, en passant dans les nefs secondaires de l’immeuble, on peut trouver d’autres installations (Bycycle, Adornorama) et regarder des créations vidéo (Dix amoureux - 2006, Croisade des enfants - 2004, Dictio pii - 2001). Chacune est une variation cinématographique sur le thème de l’homme-marionnette. 

Le corps rencontre partout sa propre étrangeté, devient un objet détourné. Dans 1ère partie conditionnelle (2004, à regarder ci-dessous), les mouvements désordonnés des membres rappellent les images célèbres de Jean-Martin Charcot de femmes hystériques, qui forment ici une chorégraphie. À l’abside, une autre marionette individualisée termine l’exposition : cet homme-machine est jeté au milieu du grand hall rond avec un éclairage faible… il est peut-être quelque part dans le néant.

Agnes Ivan, à Budapest
Le 12/10/09

Mucsarnok / Kunsthalle Markus Schinwald Pocket history Histoire de poche corps Budapest Hongrie
Histoire de poche
, jusqu'au 8 novembre 2009

Mücsarnok / Kunsthalle
1146 Dózsa György út 37. (place des Héros)
Budapest, Hongrie
Mar-dim : 10h-18h
Jeudi : 12h-20h
Rens. : 0036 1 460 7000










1ère partie conditionnelle, 2004





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Crédits et légendes photos
Vignette sur la page d'accueil : Markus Schinwald: Contortionists (Tait), 2006 C-print 100x250 cm
Photo 1 Markus Schinwald : Lavinia, 2007 Oil on Canvas 29 x 37 cm Courtesy the artist
Photo 2 Markus Schinwald : Ten in Love, 2006 Filmstill Photo: Sebastian Pfaffenbichler Courtesy Markus Schinwald © Markus Schinwald
Photo 3 Mücsarnok / Kunsthalle de Budapest, par Agnès Ivan