Le souffle au corps
adepte, de partir en randonnée extatique", explique Catherine Delacour. Plusieurs miroirs sont gravés sur leur envers de symboles représentant cette cosmographie comme une image codifiée de l'univers, à l'instar de ce Miroir aux deux phoenix et trigrammes en bronze, datant de la dynastie Tang. Y figurent également huit trigrammes en cercle formés de traits - continus pour le yang, discontinus pour le yin - qui représentent diverses configurations possibles de l'alliance entre les deux pôles, du yin pur au yang pur, en passant par plusieurs transformations. Il s'agit d'une représentation symbolique de l'univers dont il existe deux versions : celle qui figure le monde tel qu'il nous apparaît et celle qui symbolise le monde à l'origine. L'objectif étant toujours de revenir au Dao, il s'agit donc de retrouver cette deuxième configuration, celle de l'ordre cosmique originel.
également l'occasion de présenter certains rituels taoïstes qui perdurent jusqu'à aujourd'hui. Une série de talismans, notamment, atteste de l'importance fondamentale de l'écrit dans la culture chinoise. La légende raconte que le créateur des caractères chinois effraya les Esprits par son invention, le pouvoir de nommer les choses revenant à les contrôler ; les talismans utilisent donc ces caractères célestes pour divers usages, aussi bien thérapeutiques que de prévention de dangers de toutes sortes. Les prêtres les réalisent de manière extrêmement précise selon des modèles dont certains exemples sont exposés, comme ces inscriptions à l'encre intitulées Ecrit supérieur de la voie suprême sans faîte et de la création spontanée des talismans des cinq correspondances unes et véritables datant de la dynastie Tang. Le Dao, informe et hors du langage et du discours, n'impliquait pas à l'origine une quelconque représentation et n'appelait donc pas la réalisation d'images. Mais "au IVe siècle, un prêtre ayant les faveurs de l'empereur se dit que le taoïsme avait besoin d'images pour faire face au Bouddhisme alors très actif et très prosélyte, explique Catherine Delacour. De plus, il pensa qu'il était difficile de vénérer le dao sans image. C'est alors le début de la fabrication de stèles votives taoïstes". Mais aussi de toutes sortes d'images, statues, peintures qui vont représenter notamment des personnages importants comme Lao-zi.
portrait. Ces dieux n'ont rien à voir avec le concept occidental de dieu créateur et, régulièrement, de nouvelles divinités viennent toujours s'ajouter à ce panthéon, en particulier à Taïwan où le Taoïsme est resté très vivant. En effet, chaque dieu a un jour été un homme. Ni philosophie, ni religion, ni mode de vie mais tout cela à la fois, le taoïsme est protéiforme. Il recherche "le bien-être de l'individu, contrairement au confucianisme qui est purement social", poursuit la commissaire.
