L`Intermède
Grandeur nature exposition de paysages américains et canadiens de 1860 à 1918 au musée des beaux arts à Montréal  Grandeur nature, appréhender l'espace
Deux cents oeuvres d'artistes canadiens et américains sont présentées à Montréal pour une exposition exceptionnelle autour de la question du paysage.

L'eau tombe en cascade des hauteurs des chutes du Niagara, se fracassant en écume. Un peu plus loin, un lac apaisant au pied de montagnes gigantesques dessine une somptueuse arcadie. D'immenses paysages où l'homme est absent. Ainsi commence l'exposition Grandeur Nature présentée au Musée des Beaux arts de Montréal jusqu'au 27 Septembre, puis à la Vancouver Art Gallery à partir d'octobre. Située dans le pavillon originel du Musée, l'exposition sonde le rapport entre l'homme et la nature dans l'oeuvre de photographes et de peintres américains et canadiens, de 1860 à la fin de la première guerre mondiale, en 1918. Cette période est essentielle dans l'histoire de l'Amérique du nord : du traumatisme de la guerre de Sécession au début du XXe siècle, les deux pays se construisent une identité spatiale, et travaillent à établir leurs nations.

Six manières de rencontrer la nature sont ainsi évoquées dans ce parcours à la fois chronologique et thématique : "La nature transcendante", "Lieu d'histoire et théâtre du mythe", "L'homme contre la nature", "La nature apprivoisée", "Le paysage urbain" et "Retour à la nature". De la contemplation de la nature encore inviolée, comme dans cette image de paysages enneigés prise par Alexander Henderson (Cône de glace aux chutes Montmorency - 1876), à la représentation de l'espace urbain, avec la photographie d'Edward Steichen, Le Flatiron (soir) (1905), Grandeur nature exposition de paysages américains et canadiens de 1860 à 1918 au musée des beaux arts à Montréal  l'exposition propose un panorama du traitement du paysage dans un contexte géographique et historique où la question de l'espace est cruciale. Les territoires immenses de l'Amérique du Nord représentent encore, à la fin du XIXe siècle, une forme d'espoir lié aux mythes de la conquête de l'Ouest. "Le véritable domaine du paysage est la représentation de l'intervention divine dans la création visible, indépendante de l'homme, ou insoumise à l'action humaine.", a écrit le peintre Asher Durand qui appartient au mouvement américain de l'Hudson River School. Parallèlement, la modernisation du monde, la construction des chemins de fer et l'urbanisation transforment le rapport à l'espace, et l'art du paysage s'en ressent.
Dans une sorte de cycle régénérateur, l'exposition se termine avec des œuvres du début du siècle, comme celles de Georgia O'Keeffe, qui reviennent à une conception plus spirituelle du paysage.

Et le double intérêt de Grandeur nature réside bien sûr dans le fait que les clichés et tableaux accrochés sont des témoignages formidables d'un moment de l'histoire américaine et canadienne, mais, surtout, les œuvres ont elles-mêmes une forte valeur esthétique : photographies de la guerre de Sécession, comme ce cliché où des corps jonchent le sol à perte de vue, clichés d'autochtones, tableaux représentant des Indiens en train de pêcher... Toiles et pellicules s'influencent ainsi mutuellement, comme le montre la pièce Raccomodage du filet (1881), peinte à partir de la reproduction d'éléments de plusieurs photographies indépendantes que Thomas Eakins avait prises.
Grandeur nature exposition de paysages américains et canadiens de 1860 à 1918 au musée des beaux arts à Montréal
Pour un œil européen, c'est autant la beauté des œuvres que le dépaysement qui ravissent, faisant voyager au sein des paysages nord-américains à la fois étrangers et familiers, renvoyant à un imaginaire qui nous a contaminé depuis longtemps, notamment à travers le cinéma. Et la scénographie, classique et claire, est servie par des cartels explicatifs permettant de mieux saisir la portée de chaque oeuvre. Instructive et intelligente, l'exposition n'en oublie pas pour autant le rapport actuel à la nature et à l'environnement, c'est pourquoi le catalogue a été conçu dans le respect de l'environnement. Et les sièges, dans le même esprit, sont en carton recyclé. Et ce n'est pas un hasard si, au même moment, le musée expose l'artiste Frédéric Back, fervent défenseur de l'écologie.

Claire Cornillon, à Montréal 
Le 02/09/09





Grandeur nature exposition de paysages américains et canadiens de 1860 à 1918 au musée des beaux arts à Montréal

Grandeur nature
, jusqu'au 27 septembre
Musée des Beaux-arts
1380 Sherbrooke Ouest
Montréal
Mar-Ven: de 11h à 17h
Sam-Dim: de 10h à 17h
Adultes15$, étudiants 7,50$, +de 65 ans 10$
enfant de moins de 12 ans: gratuit 
Rens. :001 514 285 2000













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Crédits et légendes photos :
Vignette sur la page d'accueil : Edward Steichen; Bivange (Luxembourg) 1879 – West Redding (Connecticut) 1973; Le Flatiron (Soir); 1906; Similigravure trichrome; 20,6 x 16 cm; Bibliothèque de l’Université McGill, Division des livres rares et collections spécialisées, Montréal; Photo avec l'aimable concours de la Bibliothèque de l’Université McGill, Division des livres rares et collections spécialisées, Montréal
Photo 1 Frederic Edwin Church; Les chutes Niagara depuis le côté américain; 1867; Huile sur toile; 257,5 x 227,3 cm; The National Gallery of Scotland, Édimbourg Inv. NG 799; Photo A. Reeve
Photo 2 Timothy O’Sullivan; New York 1840 – New York 1882; La mort les a fauchés, Gettysburg (Pennsylvanie); 1863; Épreuve à l’albumine; 17,4 x 22,5 cm; Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa; Don de Phyllis Lambert, Montréal, 1975; Photo © Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Photo 3
Timothy O’Sullivan; New York 1840 – New York 1882; La mort les a fauchés, Gettysburg (Pennsylvanie); 1863; Épreuve à l’albumine; 17,4 x 22,5 cm; Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa; Don de Phyllis Lambert, Montréal, 1975; Photo © Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Affiche : Albert Bierstadt; Vallée de Yosemite; 1868; Huile sur toile; 137,8 x 184,2 cm; Oakland Museum of California; Gift of Miss Marguerite Laird in memory of Mr. and Mrs. P. W. Laird; Inv. A64.46