De Temps en Temps
Science-fiction et fantastique offrent des moyens tout à fait spécifiques d'explorer la notion de temps et d'en figurer l'expérience à la fois au cinéma et en littérature. Les différents intervenants ont ainsi analysé de multiples visions du passé, présent et futur, dans cette ouverture des possibles que constituent les domaines de l'imaginaire.
De même, à l'époque victorienne, la révolution psychanalytique mais aussi la théorie de l'évolution attirent l'attention sur les zones d'ombre de l'humain, ce qui peut expliquer, dans les textes de cette époque, la prégnance dans l'imaginaire du motif du retour de l'enfoui. Le premier mari que l'on croyait mort et qu'il faut désormais éliminer parce que son retour menace le nouvel équilibre, le secret qu'il faut découvrir, autant d'exemples de cette résurgence du passé dans le présent, que l'on retrouve dans Pierre de Lune de Wilkie Collins, Le secret de Lady Audley de Mary Elizabeth Braddon et quelques nouvelles de Montagu Rhodes James, œuvres analysées par Françoise Dupeyron-Lafay – Professeur en Etudes anglophones à Paris XII. Dans ces récits, qui ne sont pas tous à proprement parler fantastiques mais dont les thématiques et l'esthétique trouvent des échos dans le genre, ce qui a été réprimé refait toujours surface.
Clayton, où la présence spectrale est là encore la trace d'un passé refoulé. Par différents moyens visuels ou sonores – traitement des couleurs, effets de flou, silence, bande-son énigmatique - est mis en scène le fantomatique, la contamination du réel par le spectral.
Le moment précis de la mort peut enfin être au coeur même d'une oeuvre qui dilate cet instant tragique, cette "seconde labyrinthique", comme la nomme Emmanuel Plasseraud,enseignant à Lille III. La Clepsydre de Wojciech Has, L'armée des 12 singes de Terry Gilliam, Mulholland Drive de David Lynch et Klimt de Raoul Ruiz sont des films qui s'ouvrent et se terminent sur ce même instant de la mort et s'installent ainsi dans un entre-deux. Le récit se déploie dans la seconde fatale telle qu'elle est vécue par le personnage lui-même comme un labyrinthe intérieur et subjectif. Néanmoins, le passé n'est pas seulement lié à une angoisse de la mort et de la résurgence mais peut aussi être interrogé en termes de construction d'une mémoire et d'une identité.
cette puce est retirée et les images peuvent être montées et diffusées aux obsèques. Non seulement le film montre comment la mémoire est une réécriture du passé car les souvenirs ne correspondent pas forcément aux faits tels qu'ils se sont effectivement déroulés, mais il interroge aussi la fonction de hiérarchisation de l'information qu'exerce la mémoire au niveau individuel comme au niveau collectif. La communauté reconstruit en effet une mémoire de l'individu en supprimant ce qui pourrait nuire au groupe.
préoccupations d'auteurs de science-fiction, comme Robert Heinlein ou Kurt Vonnegut.
cette difficulté de la psyché, aliénée par la hantise du passé et l'anticipation de l'avenir, à être en phase avec l’instant. De là, Thierry Jandrok interroge des motifs classiques de la science-fiction, comme le paradoxe du grand-père – si je reviens dans le passé et tue mon ancêtre alors je n'existe pas mais dans ce cas je ne suis pas revenu dans le passé et mon grand-père est vivant donc j’existe etc. – ou encore l'idée de précognition, dans lesquels le présent est surdéterminé par une chaîne causale liée à un avenir déjà écrit. Mais il déconstruit cette idée de la causalité en montrant que le temps n’est pas un phénomène continu et logique mais quelque chose d'entièrement subjectif. Seule configuration, d’ailleurs, qui laisse une place au libre-arbitre.