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Le choix de la rédaction de L`Intermède

Le Congrès
Un film d'animation israélien d'Ari Folman
Sortie en DVD le 8 avril 2014



En deux mots
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Dans l’introduction d’un entretien paru en France en 1995 (Le Devoir de mémoire, Mille et une nuits), l’historien italien Federico Cereja dit de Primo Levi qu’il est fidèle, jusque dans le moindre détail, à sa propre fonction ; "témoin au plein sens du terme, [qui] ne doit donc parler de ce qu’il a vu et vécu, sans concession aucune pour ce qu’il a entendu dire ou appris de ses camarades". Loin d’être malveillantes, ces affirmations cachent néanmoins une méconnaissance de l’œuvre de Levi et nourrissent l’idée selon laquelle celui-ci incarnerait une sorte de modèle en matière d’"écriture scientifique". Or, s’il est vrai que son travail de chimiste l’a habitué à restituer de manière analytique et objective la réalité environnante, il n’en va pas de même de son activité littéraire, orientée sans cesse vers une sorte de "dramatisation" des événements relatés, y compris quand ils relèvent d’expériences autobiographiques.

Bien que par métonymie, le réalisateur israélien Ari Folman revient sur cette question dans son dernier film, Le Congrès (2013), qui tout en s’inspirant du chef d’œuvre de Stanislas Lem (Le Congrès de futurologie, 1971), s’en éloigne pour traiter, d’abord, de la place des icônes au sein des sociétés contemporaines, ensuite, de la valeur symbolique de ce que l’on peut qualifier d’"entreprise testimoniale" au sein de l’espace public. Disponible en DVD depuis le 8 avril dernier, ce long métrage d’animation, entrecoupé de séquences en prises de vues réelles, décrit un monde qui a basculé dans l’hallucination permanente et dans lequel toute notion d’objectivité semble avoir été irrémédiablement abandonnée au profit d’un éclatement d’illusions subjectives. Dans cet univers dépourvu de repères, une comédienne se voit proposer par une société de production d’être scannée, afin que son alias puisse être librement exploité, non seulement dans tous les films que la major hollywoodienne décidera de tourner, mais aussi par les industries pharmaceutiques qui voudront s’approprier cet avatar…

S’il est vrai que sur le plan strictement formel Le Congrès poursuit une recherche entamée avec Valse avec Bachir (2008), en ce qui concerne les thèmes abordés, il s’inscrit plus dans la tradition du mélodrame métaphysique que dans celle du "documentaire de création". Portée par la comédienne Robin Wright, qui campe ici son propre rôle, cette œuvre évoque l’actualité d’une façon à la fois maîtrisée et bouleversante.  


Guido Furci
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Le 19  avril 2014

Le Congrès
Un film d'animation israélien d'Ari Folman
Avec : Robin Wright, Harvey Keitel, Danny Huston...
Durée : 2h03
Sorti le 3 juillet 2013
Sorti en DVD le 8 avril 2014


 




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