L`Intermède
Le choix de la rédaction de L`Intermède

Quelque part au coeur de la forêt : La Belle et la Bête
Au Grand Parquet, Paris
Jusqu'au 1er février 2015



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Quelque part au cœur de la forêt et aux confins de la conscience, l’écriture de Claude Merlin et la mise en scène de Claude Buchvald réinventent la rencontre amoureuse de la Belle et de la Bête, en une série de métamorphoses qui amènent le conte bien au-delà des frontières du récit de Mme Leprince de Beaumont. Obscurité et lumière, peur et désir, beauté et laideur : toutes les tensions du récit merveilleux et de l’imagerie symbolique se trouvent mises en scène non seulement narrativement, par ce qui se joue entre les personnages, mais aussi visuellement, par l’attention plastique portée au décor, aux couleurs, aux jeux d’ombre, et musicalement, par des voix dont la tessiture ne cesse de varier, dialoguant avec une contrebasse qui, loin de se dérober au regard du spectateur, occupe l’espace scénique au point de se faire elle-même personnage.
 
Bien plus qu’une adaptation de La Belle et la Bête, cette création est une variation sur un genre : on voit s’y bousculer toutes les créatures mythiques, les lieux symboliques, toutes les pulsions et les passions, les épreuves traversées et surmontées que figure le récit fabuleux, des Métamorphoses d’Ovide à Peau d’âne, en passant par L’Âne d’or d’Apulée. Ici, il n’est nullement question du sacrifice d’une innocente jeune fille qui, comme chez Mme Leprince de Beaumont, se soumettrait à l’exigence du monstre pour sauver son père et, apprenant peu à peu à surmonter sa répulsion, tisserait avec son geôlier des liens d’affection destinés à se muer en amour. Non, c’est portée par le désir que la Belle rejoint la Bête au cœur d’une nature sauvage, bravant le danger pour combler un manque, pour affronter l’invisible, pour faire face à ce qui "n’a pas de visage" ou, bien plutôt, en a mille.

La Bête, aussi ancienne que l’est le temps, a tour à tour été aigle et âne, la Baleine Blanche et le dieu Pan. Elle a, au fil des âges, pris une multitude d’aspects sans qu’aucun jamais ne l’incarne. Pour qu’entre les deux personnages, une relation soit possible, l’aimable monstre pose ainsi un interdit : jamais la Belle ne devra croiser son regard. Jusqu’à la dernière scène, la Bête n’apparaît que sous une multitude de masques noirs, doubles obscurs de ces voiles de pureté que la jeune fille, tour à tour, effeuille. Robe couleur de lune, robe couleur d’aurore, robe couleur de vent : c’est tout un froufrou de blancheur qui défile avant de laisser place au rouge éclatant de la robe "couleur de soleil".

 
     - Si je suis mort tant de fois, dit la Bête, c’est que je ne suis pas encore né.
     - Nous naîtrons l’un de l’autre, répond la Belle.

 
La rencontre, mettant fin aux infinies métamorphoses de Protée, donne forme à des personnages qui naissent de leur histoire partagée. Et si, comme le dit Claude Buchvald, toute entrée dans un conte est la traversée d’un territoire inexploré, ce voyage dans le ventre du Grand Parquet – chaleureux théâtre qui vaut bien le giron d’une baleine – est, pour les enfants comme pour leurs parents, l’occasion de naître à la magie d’une nouvelle histoire.

Fleur Kuhn
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Le 30 janvier 2015


Voir le site officiel du théâtre

 




Quelque part au cœur de la forêt : La Belle et la Bête
Jusqu’au 1er février 2015
D'après Mme Leprince de Beaumont
Texte de Claude Merlin
Mise en scène Claude Buchvald
Avec : Nelson-Rafaell Madel, Laurène Brun, Élise Dabrowsky (musique)
Le Grand Parquet
Jardins d’Éole
35, rue d’Aubervilliers 75018 Paris
Mer 15h / Jeu 14h / Ven 15h15, 19h / Sam 19h / Dim 15h
Tarifs : 19 €, réduit 14€, étudiant ou -26 ans 9€, RSA 5€
Rens. : 01 40 05 01 50


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Crédits photos : © Grand Parquet